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François 1 & Wilmington Charter : A New Look
23 juin 2020

PREMIERE : LA CHINE, DES RECOMPOSITIONS SPATIALES MULTIPLES

Général

Présentation du chapitre

Le thème conclusif « La Chine : des recompositions spatiales multiples » est constitué d’un unique chapitre. Dans la logique des nouveaux programmes de géographie au lycée, le quatrième thème « est un thème conclusif qui applique l’ensemble des savoirs et compétences acquis par l’étude des trois premiers thèmes à l’étude d’une aire géographique (continent, région, pays) » (BO). De même que le chapitre Afrique du Sud permettait de mobiliser sur un territoire les notions acquises au cours des thèmes précédents, le chapitre sur la Chine remobilise les notions de transition urbaine, recomposition, mondialisation, métropolisation, fragmentation des espaces ruraux, abordées auparavant. 8h à 10h de cours sont à consacrer à ce chapitre, dont le calibrage sera certainement très contraint en fin d’année scolaire.

 

Mise au point scientifique

La géographie de la Chine fait l’objet de nombreuses recherches récentes qui analysent les mutations rapides que connaît ce pays. Ainsi, la Chine est un objet sur lequel les représentations peuvent assez vite devenir obsolètes, et en même temps c’est un pays qui affiche tellement de records en termes de puissance économique et d’équipements qu’il faut éviter l’écueil d’en rester, pour les élèves, à la mémorisation d’énumérations factuelles et chiffrées.

Les informations sur la Chine doivent aussi être abordées avec quelques précautions quant à la transparence du système statistique. Depuis plusieurs années, la Chine cherche à démontrer sa volonté de mettre en place un système statistique crédible, comme en témoignent différentes règles pour réprimer la fraude statistique adoptées en 2016, 2017, 2018 et 2019.

En géographie francophone, la référence majeure reste Thierry Sanjuan, dont l’Atlas de la Chine chez Autrement (édition la plus récente) peut suffire à une mise au point générale sur la géographie de la Chine contemporaine. Son site fait un résumé des grandes dynamiques pour l’édition de 2015 : https://www.geochina.fr/atlas.html

 

De nombreux travaux ont des approches différentes ou traitent des thèmes plus ciblés. Alice Ekman (qui a dirigé La Chine et le monde), Sébastien Colin (qui a écrit le numéro de la Documentation photographique intitulé « La Chine, puissance mondiale »), ont une approche plus spécifique aux sciences politiques. Des géographes mènent des recherches ciblées sur les évolutions urbaines et périurbaines, comme Carine Henriot, ou sur les mutations de la relation ville-campagne, comme Etienne Monin sur le cas de Shanghai.

 

Bibliographie

Ouvrages généraux

 

  • SANJUAN Thierry, (4ème édition), Atlas de la Chine, Paris, Autrement, 2018.

Revues

 

  • « Géopolitique de la Chine », Diplomatie, Les Grands Dossiers, n°45, juin-juillet 2018.
  • « La Chine au cœur de la nouvelle Asie », La Documentation française, Questions internationales, septembre-octobre 2018.
  • Colin Sébastien, « La Chine, puissance mondiale », La Documentation Photographique,n°8108, 2015.

Articles de revues

 

  • SANJUAN T., FAYOLLE LUSSAC B., « La Chine vue d’en bas, les petites villes enjeux du développement », L’Espace géographique, (Tome 46), p. 292-310, 2017
  • Entretien avec Thierry Sanjuan, par Léo KLOECKNER et Charlotte RUGGERI, « La ville chinoise est un espace de pouvoir », Revue urbanités [en ligne], 2014.
  • COLIN S., « Le défi rural du « rêve chinois » », Hérodote (n° 150), p. 9-26, 2013.
  • CURIEN R., « Services essentiels en réseaux et fabrique urbaine en Chine : verdir le développement accéléré ? », Revue urbanités [en ligne], 2016.
  • ZHANG J. et al., « Le système du Hukou. La migration des campagnes vers les villes et la modification de la frontière d’appartenance en Chine », Migrations Société, (N° 149), p. 29-50, 2013.
  • CURIEN R., « La planification des villes chinoises », Perspectives chinoises [en ligne], 2014, mis en ligne le 01 janvier 2017 : perspectiveschinoises.revues.org/6896
  • PIKETTY T., YANG L. et ZUCMAN G., « Capital Accumulation, Private Property and Rising Inequality in China », WID world Working paper series, 2017.
  • LEFEBVRE A., « Pékin entre patrimoine et modernité : une mutation de la morphologie urbaine observée par satellite depuis 50 ans », Cybergeo : European Journal of Geography [en ligne], mis en ligne le 24 avril 2017 : http://journals.openedition.org/cybergeo/28038
  • ATTANÉ I., « Être femme en Chine aujourd’hui : une géographie du genre », Perspectives chinoise, 2012.

Sitographie

 

L’essentiel à transmettre

La Chine connaît des mutations rapides 

 

Les évolutions économiques, sociales, territoriales, technologiques sont très rapides, mais elles laissent à l’écart certains territoires. Les inégalités s’accroissent ainsi entre des régions rurales qui ne bénéficient pas de la croissance économique et qui sont touchées par une déprise démographique, et les régions métropolitaines qui sont les plus développées. 

Du fait de son ouverture à la mondialisation depuis les années 1980, la Chine, après avoir été « l’atelier du monde », est devenue « l’usine du monde », et connaît une montée en gamme de son économie en maîtrisant des activités à haute valeur ajoutée (nouvelles technologies, recherche et développement). Ce processus s’accompagne d’une augmentation des salaires, d’une adoption quasi générale des NTIC par une société qui se modernise, de l’émergence d’une classe moyenne qui aspire à un meilleur niveau de vie et à des loisirs. 

Urbanisation - transition urbaine sous contrôle de l’État

 

La Chine s’urbanise, bien que l’État ait longtemps freiné ce mouvement en restreignant les migrations internes par le système du hukou qui assigne un lieu de résidence « urbain » ou « rural » en fonction du lieu de naissance, mais qui a été assoupli plusieurs fois. La Chine n’a atteint qu’en 2010 les 50% d’urbanisation. Cependant, la définition de la ville chinoise est essentiellement politique (c’est le siège du pouvoir, relai du pouvoir central), et certains territoires définis comme ruraux sont densément peuplés. Les villes les plus peuplées et les plus développées étant les métropoles de la côte, l’État met l’accent sur le développement des villes moyennes et des villes de l’intérieur.

Voir l’article de Nashidil Rouiaï dans la revue Carto, « Chongqing, cœur du Go West chinois » : https://www.areion24.news/2018/10/30/chongqing-coeur-du-go-west-chinois/).

Une littoralisation, mais une politique de rééquilibrage vers l’Ouest

 

Comme tous les pays côtiers, la Chine connaît une dynamique de littoralisation, confortée par la participation de la Chine à la maritimisation du commerce régional et mondial à travers sa façade portuaire très dynamique (qui historiquement a connu l’ouverture des premières Zones économiques spéciales dans les années 1980). Dans le cadre de sa politique de développement de l’Ouest, l’État agit de manière volontariste, pour développer les villes de l’intérieur, construire des axes de communication (en particulier des LGV), mieux connecter l’intérieur du territoire aux métropoles de l’Est, mais aussi mieux contrôler l’ensemble du pays, en particulier les provinces périphériques (Xinjiang, Tibet). 

Une fragmentation des espaces ruraux selon leur connexion aux espaces urbains

 

Dans un pays aussi vaste, il existe une grande variété de situations dans des espaces ruraux. Les plus enclavés, en particulier dans les régions de montagnes, restent pauvres et connaissent une déprise démographique et un vieillissement de la population adulte des villages, mais aussi un délaissement des enfants par leurs parents ayant émigré vers les métropoles. En revanche, les régions rurales bien connectées aux marchés métropolitains sont dynamiques et se spécialisent dans différentes productions : céréales, élevage, productions maraîchères.

Des migrations internes contrôlées

 

Les migrations internes à la Chine s’effectuent principalement dans deux directions. Les migrants issus des régions rurales les plus pauvres émigrent vers les villes pour y trouver un travail, soit vers les villes côtières les plus riches, en particulier les grandes villes industrielles du Sud (dans le Guangdong notamment), soit vers des centres urbains plus proches de leur domicile. Ces travailleurs migrants ruraux, les nongmingong, seraient au nombre de 286 millions en 2018 ; ils sont discriminés par le système du hukou qui, malgré quelques assouplissements, continue de les priver de plusieurs services, comme la protection sociale ou l’éducation pour leurs enfants, dont 60 % resteraient à la campagne où ils sont alors scolarisés. Une autre forme de migration est planifiée par l’État dans le cadre de sa politique de développement de l’Ouest et de colonisation interne des régions autonomes. Ainsi, des migrants, principalement Han (nationalité majoritaire), sont depuis plusieurs décennies encouragés à s’installer dans les régions autonomes du Nord et de l’Ouest, dont la composition ethnique a ainsi été modifiée au profit de la nationalité majoritaire.

Un volontarisme de l’État pour l’aménagement du territoire - Un aménagement au service du rayonnement de la Chine

 

L’aménagement du territoire est planifié par l’État central, qui fait de lourds investissements dans l’équipement du territoire. En témoigne le rythme auquel la Chine a été équipée en lignes ferroviaires à grande vitesse (700 km en 2007, 30 000 en 2020, soit le premier réseau LGV du monde), tout en acquérant rapidement la technologie grâce aux contrats passés avec les leaders mondiaux du secteur. Cet aménagement est au service de la puissance de la Chine, le gigantisme d’un certain nombre d’infrastructures lui permettant d’afficher des records mondiaux : le plus long pont en mer, le plus puissant barrage, les plus grands ports de commerce, etc. L’aménagement est pensé comme un outil du rayonnement régional et mondial de la Chine, comme le montre le projet des Nouvelles routes de la soie, qui insère le pays dans un réseau de voies de communications, d’axes de développement, mais aussi de bases militaires, à l’échelle de trois continents (Asie, Afrique et Europe).

La question démographique

 

La question démographique constitue un défi majeur à plusieurs titres. La politique antinataliste dite de « l’enfant unique », mise en œuvre depuis les années 1970, a été abandonnée en 2015. En effet la Chine est confrontée au vieillissement de sa population et à la question du financement du système de protection sociale qu’elle entend développer (la majorité des Chinois, environ 80 %, a désormais accès à une retraite, assez faible pour la plupart). La politique de l’enfant unique a renforcé un autre problème démographique, que la Chine partage avec d’autres pays d’Asie, mais pour lequel elle détient un record : la surmasculinité de la population (le sex-ratio à la naissance est de 115, résultat de la préférence accordée aux garçons).

La question du régime politique

 

Le caractère autoritaire et répressif du régime chinois doit être souligné. Bien que huit autres partis politiques soient autorisés, le parti communiste détient l’essentiel du pouvoir à tous les échelons administratifs. Ce caractère autoritaire du régime permet de mettre en perspective le volontarisme d’un développement et d’un aménagement qui s’effectuent à marche forcée, sous le contrôle de l’État. La population est étroitement contrôlée, les différentes formes d’expression sont censurées, et la critique du régime n’est pas tolérée. La peine de mort est appliquée sans que des chiffres officiels soient communiqués ; on estime que plusieurs milliers de personnes sont exécutées chaque année. Les Ouïghours, nationalité minoritaire turcophone musulmane vivant principalement dans le Xinjiang, font l’objet d’une répression très sévère depuis plusieurs années qui conduit à parler d’un véritable « ethnocide » (système généralisé de surveillance, détention dans les camps de « rééducation » d’environ 1 million de personnes, contrôle des déplacements, déportation à l’extérieur du Xinjiang, obligation pour la diaspora ouïghoure de revenir au Xinjiang, destruction de mosquées). 

Les nouvelles technologies sont d’ailleurs utilisées pour contrôler l’ensemble de la population, et l’État entend développer un « système de crédit social » impliquant une notation des citoyens à partir de la collecte de multiples données.

Un environnement dégradé

 

Le développement industriel de la Chine a pour prix une dégradation massive de l’environnement : pollution des eaux souterraines et de surface, érosion, pollution atmosphérique liée à la combustion de charbon qui reste la principale source d’énergie malgré le développement des énergies renouvelables, pollution des sols par les industries chimiques ou extractives (« terres rares » dont la Chine est le principal producteur mondial). La question de l’environnement est d’ailleurs un domaine dans lequel les mobilisations sociales sont importantes et tolérées (contre l’implantation d’une usine, d’un incinérateur, etc.). La Chine affiche une volonté de résorber ces problèmes environnementaux, et en particulier de limiter ses émissions de GES ; dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, elle a prévu un pic d’émissions en 2030 avant de les réduire.

Double-page « Ouverture »

Présentation des documents

La photographie de l’hypercentre de Shanghai montre, au premier plan, le centre historique et touristique, Puxi, et au second plan, de l’autre côté de la rivière Huangpou, le centre financier de la ville, Pudong, avec son quartier d’affaire, Lujiazui, reconnaissable à sa skyline

Cette photographie peut être contextualisée grâce aux cartes à différentes échelles comprises dans le chapitre : carte 2 p. 305 à l’échelle de l’agglomération, et carte à échelle nationale, par exemple 1 p. 292. 

Les cartes permettent de localiser la photographie à différentes échelles : à la fois dans le « noyau urbain » le plus dense de l’agglomération de Shanghai, mais aussi, à l’échelle du pays, dans la partie du pays la plus urbanisée, la plus développée, la plus riche et la plus ouverte à la mondialisation. Le commentaire peut être amorcé à partir de la mobilisation de connaissances acquises au collège sur les villes dans la mondialisation, où Shanghai a été identifiée comme métropole mondiale.

Réponses au quiz

1- Vrai - La Chine n’est plus un pays majoritairement rural depuis 2010.

 

2- Vrai - La Chine dispose aujourd’hui du premier réseau ferré à grande vitesse mondial.

 

3- Faux - En 2017, l’IDH de la Chine était de 0,75.

 

4- Faux - Sa fin a été annoncée le 1er janvier 2016.

 

5- Vrai - La Chine est le premier pays émetteur de gaz à effet de serre (émissions totales).

Présentation de la rubrique « Géo et fiction »

Le film sino-franco-japonais, Au-delà des montagnes, réalisé en 2015 raconte l’histoire d’une jeune femme, Tao, courtisée par deux amis d’enfance, l’un travaillant dans une mine de charbon, alors que le second présente un avenir plus prometteur. Ce film montre les évolutions de la Chine sur plus d’une vingtaine d’années avec les espoirs et les désillusions des protagonistes qui traversent ces changements. 

La Chine : des recompositions spatiales multiples

Présentation de l’étude 

Dans le cadre de ce thème conclusif, il y a seulement une étude de cas qui permet d’aborder, par des exemples pris à différentes échelles et plusieurs cartes thématiques, les trois questions énoncées dans cette partie du programme : « urbanisation, littoralisation et mutations des espaces ruraux » ; « un développement qui présente des limites » ; « des ressources et des environnements sous pression ». On peut consacrer à peu près le tiers de l’horaire à cette étude de cas.

Présentation des documents

Document 1

3 informations principales figurent sur cette carte :

  • Les niveaux de densité de population : au-dessus de 1000 hab / km², entre 400 et 1000, entre 100 et 400, entre 50 et 100, et moins de 50. On note toujours la densité plus élevée sur le littoral et une Chine intérieure aux densités plus faibles, mais les inégalités de peuplement se sont atténuées entre l’Est et le centre. Voir l’article de Thierry Sanjuan sur le site Géoconfluences, « La fin des trois Chine ? », 2016, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/articles-scientifiques/la-fin-des-trois-chine ;
  • Les principales villes, représentées à partir d’un seuil d’un million d’habitants, et pour lesquelles 5 tailles ont été distinguées. Selon la politique d’aménagement du territoire, des « clusters urbains », appelés « régions urbaines » sur la carte, ont été constitués. Selon Sanjuan, « le plan d’urbanisation publié en 2014 entend ainsi développer l’urbanisation à partir de clusters d’ampleur régionale » (Atlas de la Chine, 2018, Autrement) ;
  • Les principaux axes ferroviaires - on note le développement récent des LGV.

 

Document 2

Ce document est une photographie en vue aérienne oblique de « Ningbo-Zhoushan, le port de marchandises le plus actif au monde ». 

Attention : Ningbo-Zhoushan est le premier port de commerce mondial en tonnage, devant Shanghai ; si l’on considère le trafic de marchandises en EVP, c’est Shanghai qui est le premier port à conteneurs mondial, et Ningbo-Zhoushan est 3e (derrière Shanghai et Singapour) selon ce critère.

 

Document 3

Ensemble de deux photographies en vues aériennes obliques intitulé « Les espaces ruraux chinois : des situations et des dynamiques contrastées ». On peut amener les élèves à comparer ces deux paysages agricoles (les provinces peuvent facilement être localisées sur Google Maps ou grâce à la carte 3 p. 303) : l’aménagement des montagnes en terrasses pour la riziculture correspond à une pratique agricole manuelle et traditionnelle, nécessitant une importante main-d’œuvre, tandis que le blé cultivé en région de plaine peut être récolté de manière mécanique.

 

Document 4

Extrait d’un article du journal La Croix, 2016, « Chongqing, l’émergence d’une mégapole ». A partir de données chiffrées, de témoignages et d’informations sur la politique d’aménagement de Chongqing, l’article décrit la croissance, l’étalement et le développement de l’agglomération. Le lien peut être fait avec la politique de développement de l’Ouest : en donnant à Chongqing un statut de municipalité de rang provincial (jusqu’en 1997 Chongqing faisait partie du Sichuan, et les trois autres métropoles à avoir ce statut sont situées sur le littoral - voir carte 3 p. 303), et en y investissant fortement, les autorités chinoises ont la volonté de faire de cette agglomération une centralité de l’intérieur de la Chine et un pôle stratégique du réseau des « Nouvelles routes de la soie ».

 

Document 5

Extrait d’un article d’un numéro hors-série de la revue Diplomatie, 2018, « Les BATX, leaders de l’économie numérique ». L’article permet de se rendre compte que les leaders du numériques en Chine ne sont pas les leaders mondiaux du secteur dont les noms sont bien connus des élèves, contrairement à ceux qui correspondent à la culture numérique chinoise. Il offre aussi un autre aperçu de la rapidité des mutations technologiques, économiques et sociétales en Chine.

 

Document 6

« Une société de plus en plus éduquée » : il s’agit d’un histogramme montrant l’évolution du nombre d’élèves et d’étudiants en Chine entre 1985 et 2016, d’après Thierry Sanjuan. 

On observe que le nombre total d’élèves (écoliers, collégiens et lycéens inclus) en 2016, environ 180 millions, est proche du chiffre de 1985 (environ 10 millions, ce qui est peu à l’échelle de la Chine). Entre 1985 et 2016, le nombre d’élève baisse, remonte jusqu’au début des années 2000, pour connaître un tassement jusqu’à la période actuelle. Dans le même temps, on remarque que :

  • Le nombre d’écoliers a baissé d’environ 140 millions à 100 millions ;
  • Le nombre de collégiens actuel, environ 40 millions, est sensiblement le même qu’en 1985 - entre temps il a connu un pic à environ 50 millions au début des années 2000.

Pour analyser cette évolution, il faut faire appel à la connaissance de la démographie chinoise qui explique la tendance à la diminution du nombre d’enfants à scolariser, qui se répercute d’abord dans l’élémentaire, puis au collège et au lycée. Pour expliquer la hausse du début des années 1990, on peut aussi faire des hypothèses sur les politiques éducatives (en 1986, une loi sur « l’obligation scolaire » rend la scolarité obligatoire jusqu’à 9 ans).

Enfin, on remarque une augmentation très nette de l’accès à l’enseignement supérieur depuis les années 2005 à 2010. Selon Thierry Sanjuan, « le nombre d’étudiants a explosé ces dernières années : ils étaient 27 millions au niveau licence et 2 millions aux niveaux master et doctorat en 2017 ».

 

Document 7

Cette photographie en vue aérienne oblique, avec les informations apportées en commentaire, illustre bien la façon dont s’opèrent les mutations territoriales en Chine, en lien avec ses mutations économiques : une ouverture à la mondialisation, une stratégie de transferts de technologies, des investissements importants dans des infrastructures de communication. On peut aussi amener les élèves à faire des observations sur le paysage et ses recompositions : en contrebas de la LGV, on voit un hameau entouré de bâtiments modernes, ce qui témoigne d’un processus de périurbanisation.

 

Document 8

« L’accès à de nouveaux loisirs », photographie d’une scène de plage. Si l’on peut y voir une certaine occidentalisation des pratiques de loisirs de la société chinoise (idée que peut suggérer la présence des parasols « Coca-Cola »), il faut tout de même penser que la première inspiration du tourisme balnéaire en Chine, à l’époque maoïste, était plutôt d’inspiration soviétique ; il était alors une pratique essentiellement réservée aux cadres du Parti communiste. La culture chinoise de la plage se développe et se démocratise en lien avec l’augmentation du niveau de vie de la population. Le lien peut être fait avec la partie A du dossier « Le tourisme intérieur en Chine », sur « l’accès des Chinois à une société de loisirs ».

 

Document 9

« Une croissance qui ne profite pas à tous » est une infographie divisée en 4 parties :

  • La 1e montre l’augmentation, en valeur absolue, du nombre de personnes possédant plus de 100 millions de yuans soit 13 millions d’euros, disponibles pour l’investissement. Ainsi, en 2016, il y a en Chine 12 fois plus de personnes très riches (susceptibles d’investir leur fortune) que 10 ans seulement auparavant. La constitution d’une classe de Chinois très aisés a ainsi été très rapide et a été alimentée par la forte croissance de l’économie chinoise ; 
  • La 2e est un histogramme qui montre la diminution, assez rapide également, du nombre (valeur absolue) de personnes vivant sous le seuil de pauvreté chinois, qui est presque divisé par 4 entre 2010 et 2016 ; 
  • La 3e montre l’inégalité ville-campagne en termes de patrimoine détenu - un citadin possède un patrimoine qui, en moyenne, a une valeur trois fois plus élevée que celui d’un Chinois issu du monde rural (les disparités recouvertes par ce rapport 3/1 sont évidemment beaucoup plus vastes - voir l’article de Sébastien Colin, « Le défi rural du « rêve chinois », dans Hérodote n° 150, 2013 : 

https://www.cairn.info/revue-herodote-2013-3-page-9.htm#xd_co_f=NTI0YTg4MzMtODM3OS00YzJjLTgzOTUtMzRkODYyNGQ2MmFh~;

  • La 4e est un histogramme qui compare le niveau des inégalités socio-économiques en Chine à celui observé dans d’autres pays émergents, mais aussi en Russie et aux États-Unis, grâce à un indicateur : la « part de la richesse totale détenue par les 1 % les plus riches ». Il est intéressant de faire observer aux élèves que le niveau des inégalités en Chine est comparable à celui observable aux États-Unis, et qu’il est plus modéré que dans d’autres pays émergents.

Cette infographie permet ainsi de mettre en perspective les recompositions sociales qui accompagnent le processus d’émergence : une amélioration générale du niveau de vie, l’apparition d’une classe riche, une diminution de la pauvreté, mais aussi, mécaniquement, un maintien de fortes inégalités qui est mécaniquement lié au fait que le développement ne touche pas en même temps tous les territoires ni toutes les strates de la société.

 

Document 10

Ce document est un extrait d’un article de Thomas Piketty publié dans Le Monde (2017), « La pauvreté diminue mais les inégalités persistent ». L’analyse de Piketty complète bien l’infographie n° 9, avec d’autres indicateurs, comme le revenu national par habitant, et un constat similaire sur le niveau des inégalités sociales en Chine.

 

Document 11

Pour construire cette carte, ont été sélectionné les principaux problèmes environnementaux en Chine. Une recherche lexicale peut être effectuée pour expliquer des termes spécifiques : « stress hydrique », « érosion », « particules fines » (l’explication de ce dernier peut aussi être trouvée dans le document 12, sur la même page). Selon Thierry Sanjuan (la carte est en partie inspirée de son Atlas de la Chine), on peut parler d’un véritable « désastre écologique », qui commence déjà pendant la période maoïste, en particulier au moment du « Grand Bond en avant » (1958-1961). 

 

Document 12

Article extrait du magazine Carto d’avril 2019, « Le problème de la pollution en Chine ». Cet article développe plusieurs informations sur un aspect des problèmes environnementaux qui figure sur la carte 11, à savoir la pollution atmosphérique, qui atteint des niveaux très élevés, notamment à cause de la combustion de charbon. Un indicateur important de cette pollution est celui de la concentration en particules fines (les « PM » 2,5, de l’anglais Particulate Matter, 2,5 renvoyant à leur taille, puisqu’elles sont d’une taille inférieure à 2,5 micromètres, soit un millième de millimètre). Cette pollution a un impact sur le niveau des émissions de GES de la Chine (premier émetteur mondial - à l’échelle du pays, et non en émissions par habitant), et sur la santé des Chinois, en particulier les citadins du quart Nord-Est de la Chine. Étant donné le caractère répressif du régime chinois, les élèves, selon leur niveau d’information à ce propos, pourront peut-être s’étonner de « l’exaspération de la population » au sujet de la pollution. Il faut savoir que les questions environnementales sont des questions sur lesquelles les mobilisations sociales sont tolérées, dans la mesure où elles ne sont pas liées à une remise en cause du régime.

 

Document 13

« Les plus grandes centrales solaires flottantes du monde inaugurées en Chine », extrait d’un article publié en 2017 dans le magazine de vulgarisation scientifique Sciences et Avenir, illustré par une photographie aérienne (vue aérienne oblique) d’une des centrales solaires de Huainan, installée sur un lac résultat de l’inondation d’une ancienne mine de charbon. Cette situation illustre bien la transition énergétique en Chine, qui présente une situation contrastée : elle est à la fois première détentrice mondiale de centrales au charbon (la moitié des centrales au charbon dans le monde sont chinoises) et désormais leader mondial de l’énergie solaire (elle est la 1ère productrice mondiale de panneaux solaires, et détient le quart des capacités mondiales en énergie solaire).

 

Document 14

Cet équipement peut être localisé sur la carte 11. Il fait partie des « barrages géants ». Le système d’écluses décrit dans le commentaire de la photographie permet le passage d’un bateau en un temps relativement long, environ 3h. Un questionnement peut être mené sur l’intérêt pour la Chine de disposer d’un tel aménagement : production d’électricité avec un impact limité sur le climat (beaucoup moins de GES émis que pour la même production avec des centrales à charbon), mais aussi démonstration de puissance du fait de la prouesse technique et du gigantisme de l’aménagement (plus grande centrale hydroélectrique du monde). 

Corrigés des questions

A. Urbanisation, littoralisation et mutations des espaces ruraux

 

Question 1 (Document 1)

Le pays est inégalement peuplé, urbanisé et développé. Le littoral reste la partie du territoire la plus densément peuplée et la plus urbanisée, avec plusieurs agglomérations dont la population est supérieure à 10 millions d’habitants (Guangzhou, Shanghai, Tianjin). Les espaces les moins densément peuplés sont à l’intérieur de la Chine, avec une densité moyenne inférieure à 50 habitants au km², en particulier au Tibet et dans le Xinjiang. Le centre est assez densément peuplé, avec 100 à 400 hab / km² en moyenne, mais aussi des agglomérations comme Wuhan, Chengdu, Chongqing, qui comptent 400 à 1000 habitants / km². Ces inégalités de peuplement sont liées à des inégalités de développement et d’ouverture à la mondialisation. 

Le pouvoir central, depuis 1990, mène des politiques d’aménagement du territoire qui visent à réduire ces inégalités régionales. On peut notamment citer :

  • La politique de développement de l’Ouest, entamée en 2000 ;
  • La construction d’axes de communication, routiers mais aussi ferroviaires, avec le développement de lignes à grande vitesse (LGV) depuis 2007, qui « rapprochent » les villes du centre et les grandes métropoles de l’Est ; 
  • La politique d’aménagement du système urbain, qui consiste à développer l’urbanisation à partir de clusters régionaux, et à favoriser le développement des villes petites et moyennes.

 

Question 2 (Document 2)

La littoralisation correspond à la concentration des aménagements et des populations sur le littoral. Cette dynamique spatiale est notamment liée à la maritimisation de l’économie et à l’ouverture de l’économie chinoise à la mondialisation. Sur cette photographie aérienne oblique, on voit un aménagement lié à ces évolutions : il s’agit d’un terminal portuaire à conteneurs. On remarque en effet que de nombreux conteneurs sont entreposés sur un très vaste quai, et que le terminal est équipé de portiques pour opérer le chargement et le déchargement des conteneurs. Ningbo-Zhoushan étant un port en eaux profondes, il peut accueillir des navires porte-conteneurs de grande capacité, comme celui que l’on peut voir à quai.

 

Question 3 (Document 3)

Ces deux photographies aériennes obliques montrent deux paysages qui correspondent à des espaces ruraux et agricoles différents. La photographie de gauche montre des rizières en terrasses inondées dans le Sichuan ; cela correspond à un aménagement agricole traditionnel, dans lequel la récolte se fait de façon manuelle et nécessite donc beaucoup de travail. La photographie de droite représente une plaine céréalière, dans le Henan, où l’on peut voir deux moissonneuses-batteuses faire la récolte du blé. Il s’agit ici d’une agriculture mécanisée, qui nécessite peu de main d’œuvre mais un fort investissement en capital.

 

Question 4 (Document 3)

Le « tourisme rural » représente un intérêt dans la mesure où il est une source de revenu supplémentaire pour les populations de certains espaces ruraux ; il peut ainsi participer au développement économique de certains territoires ruraux, et favoriser le maintien de la population. Dans le document 3, c’est le territoire où est pratiqué la riziculture en terrasses qui se prête à une mise en tourisme. Celle-ci concourt alors à la valorisation et à l’entretien d’un paysage traditionnel qui fait ainsi l’objet d’une patrimonialisation.

 

Question 5 (Document 4)

La ville de Chongqing, située dans le Sud-Est de la Chine, témoigne des mutations spatiales de la Chine contemporaine :

  • Avec plus de 34 millions d’habitants sur 82 000 km², et 300 000 nouveaux habitants par an, elle est à l’image de la métropolisation, de l’urbanisation et de l’étalement urbain que connaît le pays, qui opère actuellement sa transition urbaine ;
  • Les migrations internes entre ville et campagne : « Ce sont des paysans des villages proches ou des provinces voisines qui contribuent au développement urbain ». Elles vont de pair avec une accentuation des inégalités entre ville et campagne : « Sur le lopin de terre de mes parents il n’était plus possible de gagner assez d’argent », témoigne un jeune migrant ;
  • Le rééquilibrage de l’aménagement du territoire et son contrôle par le pouvoir central : Chongqing est une métropole du centre de la Chine, située à plus de 1 000 km de la côte. C’est dans le cadre d’un rééquilibrage de l’aménagement du territoire vers le centre et l’Ouest que le pouvoir central a modifié le statut administratif de la ville, « déclarée municipalité autonome depuis 1997 » et y fait « de lourds investissements », en particulier dans des « zones de développement industriel et de haute technologie ». En témoigne la citation des propos d’un jeune fonctionnaire : « L’objectif du gouvernement est de faire de Chongqing la nouvelle capitale du Sud-Ouest ». 

 

Question « notion »

La Chine connaît des recompositions spatiales majeures. Les inégalités se sont tout d’abord creusées entre l’est et l’ouest de la Chine : tandis que la l’est connaissait une ouverture sur le monde et un développement industriel et portuaire croissant grâce à la littoralisation, la Chine de l’intérieur évoluait moins vite, en restant un espace plus rural. Un modèle centre-périphérie s’est mis en place. Mais une logique de rattrapage est en cours avec la création de nouvelles centralités : Chongqing a vocation à devenir la grande métropole du centre-sud de la Chine. Le gouvernement investit largement. La conquête de l’ouest, véritable front pionnier, est lancée. Par ailleurs, et de manière générale, même si la Chine de l’est est plus concernée, les paysages se transforment : la Chine s’urbanise très rapidement et les villages sont remplacés par de gigantesques villes. La métropolisation transforme la vie des habitants. Cette mutation est très rapide à l’échelle de l’histoire ; elle s’est faite en une génération à peine, quand l’urbanisation de l’Occident a été bien plus lente et a pris au moins un siècle (de 1850 à 1950). 

 

 

B. Un développement qui présente des limites

 

Question 6 (Document 5)

Les entreprises chinoises Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, surnommées les « BATX » (sur le modèle du sigle « GAFA » ou « GAFAM »), sont les leaders de l’économie numérique. Pour l’expliquer, on peut formuler l’hypothèse d’une meilleure adaptation du marché chinois, suggérée par la phrase : « Avec plus de 770 millions de personnes connectées à Internet, dont 97% via leur téléphone, pouvant lire la même langue et ayant des références culturelles communes, le terrain de jeu est immense ». Ainsi, leur adaptation à la demande des Chinois est sans doute meilleure et plus rapide que celle des leaders mondiaux, dans la mesure où ils partagent une même langue, une même culture, mais aussi parce qu’ils proposent probablement des prix plus bas, plus conformes au pouvoir d’achat de la majorité des Chinois. Enfin, les leaders mondiaux du numérique sont des firmes multinationales états-uniennes, qui font aussi face à des contraintes politiques (censure, mesures de rétorsion commerciales) pour s’implanter en Chine ; Facebook, par exemple, y est interdit.

 

Question 7 (Document 6)

Depuis 1985, on observe une nette augmentation de l’accès au lycée et aux études supérieures. En effet, le nombre de lycéens passe d’un peu moins de 10 millions en 1985 à environ 45 millions en 2016. Quant au nombre d’étudiants, inférieur à 5 millions en 1985, il est d’environ 45 millions en 2016. Un palier important a été franchi entre 2000 et 2010 : en une décennie, le nombre d’étudiants est passé de 5 millions environ au nombre actuel, qui s’est maintenu depuis. Ainsi, ces augmentations ne répondent pas seulement à l’augmentation de la population chinoise, elles reflètent surtout une élévation du niveau d’instruction et de formation de la population, en relation avec le développement de la Chine. Il y a autant d’étudiants que de lycéens. La démocratisation de l’accès au supérieur répond ainsi aux besoins de l’économie chinoise, et à une politique de recherche compétitive.

 

Question 8 (Document 7)

La grande vitesse ferroviaire est stratégique pour la Chine car son développement répond à plusieurs enjeux :

  • Un enjeu d’aménagement et de maîtrise du territoire : comme on peut le voir sur la photographie, le CRH, le TGV chinois, passe sur une LGV récemment construite dans la région autonome du Guangxi, qui fait partie des territoires ciblés par la politique de désenclavement et de développement de l’Ouest. Le développement de la grande vitesse ferroviaire répond ainsi à la volonté du pouvoir central de mieux connecter le territoire aux métropoles ;
  • Un enjeu technologique et économique : comme l’indique le commentaire de la photographie, le développement de la grande vitesse ferroviaire a été permis par une « stratégie d’attribution de parts de marché en échange de transferts de technologie par les leaders étrangers du secteur ». La Chine a ainsi pu commencer à équiper son territoire en LGV en 2007, tout en acquérant rapidement la maîtrise technologique lui permettant de devenir autonome dans la conception de ses propres TGV, voire, ensuite, d’exporter le savoir-faire acquis dans ce domaine.

 

Question 9 (Documents 5 à 10)

Ces documents témoignent des mutations sociales qui accompagnent le développement économique de la Chine :

  • Le développement de la consommation, et l’adoption rapide des nouvelles technologies (commerce en ligne, jeux, réseaux sociaux numériques) (doc. 5) ;
  • L’élévation du niveau d’instruction et de formation de (docs. 6 et 7) ;
  • Le développement d’une classe moyenne et d’une classe aisée (doc. 9), qui s’accompagne d’un développement de la mobilité (doc. 7) et de l’aspiration à des loisirs (doc. 8) ;
  • L’augmentation du niveau de vie s’accompagne d’une diminution de la pauvreté, mais aussi du maintien d’inégalités sociales importantes, qui sont à la fois des inégalités de revenu mais aussi des inégalités territoriales (entre urbains et ruraux) (docs. 9 et 10).

 

Question « notion »

Le développement chinois repose sur une importante croissance économique (plus de 7-8 % par an, dans les records mondiaux), favorisée par sa libéralisation. Le développement a été également permis par une attention portée à l’éducation, secteur contrôlé fermement par l’État : depuis 2005, les effectifs dans les lycées et l’enseignement supérieur se sont fortement accrus. La qualification de la main-d’œuvre chinoise augmente. Cela a permis le développement du secteur numérique, avec les BATX, portées par un immense marché cohérent grâce à sa relative unité culturelle et sa différence avec les marchés occidentaux, ce qui ralentit l’arrivée des concurrents internationaux, moins au fait des réalités chinoises. L’État a pu investir dans d’importantes infrastructures, notamment de transport, afin de désenclaver les territoires : en quelques années (2007-2017), la Chine est devenue le pays comptant le plus de Lignes à Grande Vitesse (à elle seule, elle en compte plus que tous les autres pays réunis). La croissance a favorisé l’essor d’une classe moyenne, qui a obtenu des congés, favorisant le tourisme. En retour, porté par son immense marché intérieur, ce secteur tire la croissance. 

 

Mais le modèle chinois a ses limites. La censure perdure notamment dans le numérique. Si le nombre de personnes dans l’extrême pauvreté a été divisé par 4 entre 2010 et 2016, de fortes inégalités demeurent : le patrimoine des habitants des espaces ruraux est trois fois moindre que celui des urbains. La croissance n’a pas profité à tous : près de la moitié des richesses est contrôlée par les 1 % les plus riches, situation comparable aux pays les plus inégalitaires de la planète, comme les autres BRICS. Les contrastes sont forts avec les plus pauvres, et ils s’accroissent car le revenu de ces derniers augmente moins vite que celui des plus riches. La Chine fait face à de nombreuses recompositions, pas toujours positives. 

 

 

C. Des ressources et des environnements sous pression

 

Question 10 (Document 14)

Les barrages hydroélectriques ont des impacts positifs et négatifs sur l’environnement : 

  • Ils produisent une énergie renouvelable : ainsi, le barrage des Trois-Gorges, qui est un barrage géant, produit 22 500 mégawatts par an avec un impact en termes de pollution et d’effet de serre très inférieur à la même production par des centrales thermiques au charbon. L’impact sur l’environnement à l’échelle nationale et globale est donc positif, en comparaison d’autres modes de production d’électricité ;
  • Cependant, dans le cas d’un barrage géant, l’impact local sur l’environnement, mais aussi sur la société, comporte des aspects négatifs : comme l’indique le commentaire, l’aménagement du barrage des Trois-Gorges a impliqué l’inondation de « nombreux villages et villes », de « terres agricoles », de « sites historiques », situés dans la vallée du fleuve Yangtse, de même que l’expropriation et le déplacement forcé d’1,6 million d’habitants. Il faut souligner que les petits barrages n’ont pas cet impact négatif.

 

Question 11 (Documents 11 à 13)

On peut parler, en Chine, d’une crise environnementale et sanitaire. En effet, de nombreux territoires et ressources sont pollués :

  • La pollution atmosphérique, aux particules fines, est présente notamment au Nord-Est, en particulier dans les grandes villes comme Beijing, et au Nord-Ouest (doc. 11). Cette pollution est à l’origine de nombreuses maladies respiratoires, car les seuils de concentration en particules fines dans l’air admis par l’OMS sont très largement dépassés (doc. 12), dans la capitale et dans « la majorité des villes du pays ». Cette pollution est liée à la circulation automobile, mais aussi à la combustion de charbon, qui reste la principale source de production d’énergie (60% à 70%, selon les docs. 12 et 13), et enfin aux tempêtes de sable favorisées par l’érosion dans le Nord du pays (doc. 11). La Chine est désormais « le premier pollueur de la planète » (doc. 12) (en revanche il ne l’est pas si l’on considère les émissions par habitant) ;
  • La majorité des cours d’eau est polluée, à cause des rejets industriels principalement, mais aussi des eaux usées agricoles et domestiques. La partie terminale des grands fleuves, notamment le Fleuve Jaune et le Yangtse, est très polluée en raison de l’accumulation de ces effluents (doc. 11) ;
  • La pollution des sols s’explique par les mêmes raisons que la pollution de l’eau. Certains sols sont particulièrement pollués par les industries extractives, notamment dans le district minier de Bayan Obo (doc. 11), où sont extraites des « terres rares », dont la Chine est de loin le premier producteur mondial.

 

Question 12 (Document 13)

Les énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolienne) connaissent une forte croissance en Chine, pays qui y investit le plus. Mais actuellement les énergies fossiles, en particulier le charbon, ont une place prépondérante dans le « mix énergétique chinois », et les énergies renouvelables n’en représentent que 11%. Cependant, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique chinois devrait augmenter : d’après le doc. 11 elle pourrait « doubler d’ici 2030 ». 

 

Question « notion »

Grosse consommatrice d’énergie, la Chine est confrontée à d’importants problèmes de pollution, à cause des énergies fossiles. Les villes sont très polluées, en raison notamment de la circulation automobile mais aussi de l’industrie (qui pollue par ailleurs les cours d’eau, avec des scandales retentissants). C’est surtout le recours au charbon, pour produire 70 % de l’énergie, qui pollue l’air. La pollution aux particules fines s’étend bien au-delà des villes. La pollution de l’air est un enjeu sanitaire avec près d’un demi-million de décès par an. Les accidents industriels se multiplient et les sols sont pollués par l’industrie ; les sols souffrent aussi de l’érosion et des vents de sable venus du désert à l’ouest. 

Face à cela, le pouvoir chinois mise sur les énergies renouvelables, porté par une expertise qu’il a développé à destination des pays occidentaux (production de panneaux solaires à bas coûts). La Chine développe des centrales solaires flottantes comme vers Huainan ; elle s’appuie aussi sur des techniques plus classiques, en multipliant les barrages, comme le plus grand du monde, celui des Trois Gorges. Mais sa durabilité est critiquable : le barrage ennoie des vallées et éléments naturels, des sites historiques (patrimoine humain) et a supposé le déplacement d’1,6 million de personnes, déracinées. La durabilité sociale et environnementale n’est pas toujours au rendez-vous, même dans les projets d’énergies renouvelables. 

Pour aller plus loin

  • Film documentaire : Laurent BOUIT, Chine, sur les nouvelles routes de la soie, Arte, 2016, 54 mn.
  • Reportage : Angélique FORGET, Antoine VEDEILHE, Ouïgours, un peuple en danger, Arte / France 24, 2019.

Méthode croquis : Vers le croquis de Terminale

Présentation de la méthode

Étape 1 : Analyser le sujet 

  • Comprendre le sujet : « les recompositions spatiales » correspondent aux évolutions de l’organisation de l’espace chinois, à ses dynamiques. Il s’agit de montrer comment un espace se ré-agence sous l’effet de plusieurs facteurs ;
  • Lister les informations à représenter et les figurés : il faut se poser la question du caractère représentable ou non des informations que l’on veut montrer. Il se peut que des informations ne soient pas aisément représentable sur un croquis. On peut donc trouver une stratégie pour les montrer, les suggérer, ou bien on peut devoir renoncer à les faire apparaître. Ainsi, pour un croquis à l’échelle nationale, il sera difficile de montrer certaines recompositions qui s’opère à une échelle locale (par exemple, la ségrégation socio-spatiale à l’échelle urbaine). 

 

Étape 2 : Construire la légende et formuler la problématique

  • Organiser la légende, selon un plan. Le plan peut être organisé de manière thématique ou selon une progression logique. Le plan géographique type, qui fonctionne pour les croquis comme pour d’autres formes de raisonnement géographique, est le suivant :
  1. État des lieux ;
  2. Facteurs explicatifs ;
  3. Conséquences / Solutions, limites risques.
  • Pour un croquis assez riche, il est conseillé d’organiser les parties en sous-parties ;
  • Formuler une problématique, à laquelle le plan de la légende répond.

 

Étape 3 : Représentez les figurés et écrivez les toponymes sur le fond de carte

  • Sur le fond de carte, il est préférable de représenter les figurés dans l’ordre suivant :
  1. Les aplats (surfaces colorées), au crayon de couleur. C’est à faire sans trop appuyer (les élèves peuvent avoir tendance à vouloir saturer la couleur alors que c’est un « fond » sur lequel d’autres figurés devront être lisibles) ;
  2. Les hachures ou autres figurés de surface (autres que les aplats, type « semis de points », etc.), à représenter au feutre fin sur les aplats. Il faut faire attention à ne jamais saturer l’espace, à ne pas faire des hachures trop denses, etc. ;
  3. Les figurés ponctuels (villes, ports, autres) sont à réaliser au feutre fin ;
  4. Les figurés linéaires (axes de communication, frontières, limites, flux, etc.) sont à réaliser au feutre fin également.
  • On ajoute les toponymes (noms) à la fin : 
    • Au stylo noir, horizontalement ;
    • Noms de mers et d’océans : au stylo bleu, horizontalement ;
    • Noms de cours d’eau : au stylo bleu, en suivant l’orientation du cours d’eau.

Important : La priorité est de réaliser un croquis clair, lisible, suffisamment aéré. Il est important de ne pas saturer la couleur pour les aplats et de ne pas surcharger le fond de carte. Il faut trouver un compromis entre quantité d’information et lisibilité.

 

Corrigé de la carte 

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Sujets supplémentaires

  • Croquis sur un sujet plus restreint : l’énergie en Chine ;
  • Recherche documentaire et courte présentation orale sur des thèmes ciblés :
    • La question des droits humains et des libertés en Chine ;
    • Agriculture et alimentation en Chine ; 
    • Une métropole et son évolution : Shanghai, ou Beijing, ou Hong Kong ;
    • Les Nouvelles routes de la soie.

Grand Angle 1 : La Chine : des recompositions spatiales multiples

Présentation de la carte

La carte traite les trois questions de ce chapitre conclusif : 

  • L’urbanisation (qui est suggérée par la représentation des villes à partir du seuil d’1 million d’habitants) et la littoralisation (symbolisée par les ports qui font partie des 20 premiers mondiaux), favorisée par l’ouverture à la mondialisation. En revanche, les mutations des espaces ruraux n’ont pas pu être représentées comme telles à l’échelle nationale, mais on peut les déduire du fait de la croissance urbaine et de la politique de désenclavement ; 
  • Développement et inégalités : le développement est symbolisé par certaines infrastructures qu’on peut faire figurer à l’échelle nationale, les grands barrages et les LGV. Les inégalités sont représentées par des aplats colorés, qui indiquent des niveaux d’écart au revenu moyen à l’échelle des provinces. Cette échelle présente des limites mais montre une inégalité persistante entre la Chine littorale et le reste. On peut tout de même faire remarquer que l’écart peut être ténu entre les provinces qui sont un peu au-dessous de la moyenne (orange clair) et celles qui sont un peu au-dessus (vert clair). Un contour violet signale les provinces ciblées par la politique de développement de l’Ouest. On pourra essayer de faire réfléchir les élèves sur le fait que toutes les provinces pauvres de l’Ouest ne sont pas touchées par cette politique, et d’autre part sur le fait que la Mongolie intérieure est ciblée par cette politique, alors qu’elle n’apparaît pas comme une des plus défavorisées. Des hypothèses peuvent être émises sur ces quelques discordances apparentes. Par exemple, en observant sur la carte 11 p. 296 la mention du district minier de Bayan Obo, on peut formuler une hypothèse expliquant la richesse relative de la Mongolie intérieure, qui pourtant est enclavée. Le nom renvoie à un peuplement minoritaire lié à la Mongolie, pays voisin qui a fait sécession de la Chine en 1911 : le pouvoir chinois entend donc renforcer son contrôle sur la région et éviter toute agitation ;
  • Des ressources et des environnements sous-pression : deux types d’informations ont été localisés : la pression sur l’eau et les sols, et la pollution de l’air et des fleuves.

 

Trois photographies, avec des angles de prise de vue différents, témoignent de ces différents aspects des recompositions de l’espace chinois, en montrant un espace industriel, un espace rural et un espace urbain 

  1. Une photographie aérienne oblique d’une installation industrielle et électrique, Ningdong, qui illustre à la fois le développement économique chinois et la pression sur l’environnement ;
  2. Une photographie aérienne d’une plantation de thé en cours de récolte. Les feuilles sont cueillies manuellement, et le thé est fait de manière traditionnelle, étant considéré comme une part du patrimoine culturel de la province du Hubei ;
  3. Une photographie de Hong Kong, l’une des plus grandes métropoles chinoises. Elle a un statut particulier (rétrocession britannique dans les années 1990) qui en fait le théâtre de tensions liées aux contradictions entre les héritages du système politique et juridique anglais et le système chinois actuel. L’été 2019 a été marqué par des tensions d’ampleur inédite. 

Grand Angle 2 : La Chine face aux défis de l’émergence

Présentation des documents

Document 1

Cette carte comporte deux informations principales sur la population chinoise. La première concerne la densité de la population, pour laquelle 5 niveaux sont distingués, permettant aisément de constater que la partie orientale du pays est la plus densément peuplée, mais aussi qu’il y a désormais des régions urbaines densément peuplées (400 à 1 000 habitants / km²) dans des régions non littorales, comme la région du Sichuan ou la municipalité de Chongqing. La moitié occidentale et la frange Nord de la Chine restent peu densément peuplées. 

La deuxième information concerne la composition ethnique de certaines régions : sont mentionnées, dans les régions où ils sont significatifs, les effectifs des ethnies appelées « nationalités minoritaires », selon la nomenclature officielle chinoise, elle-même inspirée de la théorie stalinienne de la nationalité. Les nationalités minoritaires mentionnées sont celles reconnues et recensées par la République populaire de Chine.

 

Document 2

Les trois premiers graphiques permettent une approche comparative de l’évolution de la puissance économique chinoise (légendée en rouge), états-unienne (légendée en violet) et française (légendée en jaune), entre 1980 et 2016, pour :

  • L’évolution du PIB nominal ;
  • L’évolution du PIB par habitant ;
  • L’évolution de leur place dans le classement des pays exportateurs, en parallèle de l’augmentation des exportations chinoises.

Le quatrième montre l’évolution des investissements directs étrangers (IDE) en Chine, en milliards de dollars, entre 1980 à 2016. 

Les documents montrent que la Chine a rattrapé puis dédoublé la France, et qu’elle rattrape les États-Unis. L’indicateur du PIB / hab permet cependant de nuancer, pour quelques années encore, cet essor chinois. 

 

Document 3

Il s’agit d’une carte assez simple qui montre le découpage administratif du territoire chinois, à l’échelle du pays (car la pyramide administrative a évidemment des subdivisions plus fines, jusqu’au comité de résidents ou de villageois à l’échelle la plus locale). Pour justifier le titre de la carte, quelques précisions sont à ajouter concernant les catégories suivantes :

  • Les deux régions administratives spéciales (RAS) de Hong Kong et Macao (rétrocédées à la Chine, respectivement par le Royaume-Uni en 1997 et par le Portugal en 1999), sont des territoires urbains qui, selon leur Loi fondamentale, conservent une certaine autonomie politique et économique, en vertu du principe « Un pays, deux systèmes ». L’autonomie politique semble cependant de plus en plus limitée, comme le montre la mainmise de plus en plus importante de Beijing sur Hong Kong.
  • De même, les provinces dites « autonomes » sont celles qui comptent, historiquement, une proportion importante d’habitants appartenant à une « nationalité minoritaire » (non Han, comme les Ouïghours et les Kazakhs au Xinjiang, les Tibétains au Tibet, etc.). Elles ont fait l’objet d’une colonisation intérieure depuis la période maoïste, afin de les « siniser », ce qui s’est traduit par l’organisation et l’encouragement d’une importante migration Han vers ces provinces. Ceci a entraîné une diminution de la proportion de « non Han » dans la population. De fait, ces provinces ne sont pas particulièrement « autonomes ». Toute volonté d’autonomisation est au contraire sévèrement réprimée, au Tibet comme dans le Xinjiang, où la Chine mène actuellement une campagne de répression contre les Ouïghours, à tel point que certains observateurs n’hésitent pas à utiliser le terme d’ « ethnocide » à leur sujet.

 

Document 4

Ce document est adapté d’un graphique qui figure dans l’article « Capital Accumulation, Private Property and Rising Inequality in China, 1978-2015 », publié par Thomas Piketty (économiste de renom international), Li Yang et Gabriel Zucman en 2017 dans la World Inequality Database (site https://wid.world/world-inequality-lab/). Les trois chercheurs ont utilisé des sources officielles (des données fiscales par exemple) et non-officielles pour produire leur étude. Ce graphique vient compléter le document 10 p. 295 (extrait d’un article de Thomas Piketty sur l’évolution des inégalités en Chine). À partir d’un indicateur, la part des richesses détenue par les 10 % d’habitants aux revenus les plus élevés, le graphique montre une augmentation des inégalités sociales en Chine depuis 1995, qui s’accélère à partir de 2009. À partir de 2011, ce niveau d’inégalités reste stable à un niveau élevé. La comparaison avec la France et les États-Unis, deux pays occidentaux aux modèles sociaux différents, est parlante : 

  • À partir de 2005, la Chine est plus inégalitaire que la France, qui a stabilisé la part de richesses contrôlée par les plus riches sur la période ;
  • À partir de 2011, le niveau d’inégalités en Chine se rapproche du niveau étasunien : plus de 65 % des richesses sont détenues par les 10 % d’habitants aux revenus les plus élevés (plus de 70 % aux États-Unis, 55 % en France). Les États-Unis ont connu un accroissement des inégalités depuis 1994, mais l’augmentation en Chine a été bien plus forte. 

Cours 1 : Urbanisation, littoralisation et mutation des espaces ruraux

Résumé des grandes idées du cours 

A. Une transition urbaine rapide

La Chine réalise sa transition urbaine, qu’elle a longtemps ralentie par le biais du hukou, qui fonctionne comme un « passeport intérieur », et qui a été assoupli depuis les années 1980. La partie de la Chine la plus urbanisée est l’Est et particulièrement le littoral. Le pouvoir central continue de vouloir maîtriser l’urbanisation, à travers la définition de clusters urbains. Selon l’expression de Thierry Sanjuan, les villes chinoises sont les « vitrines de l’émergence » : les paysages urbains changent, les agglomérations s’étalent et se modernisent, du CBD jusqu’aux villes-nouvelles situées en périphérie.

 

B. Une littoralisation marquée

Quelques chiffres significatifs sont cités pour montrer le poids démographique et économique du littoral : sur 14 % de la superficie de la Chine, réside 45 % de la population, et 58 % du PIB est produit. La dynamique de littoralisation, présente partout, est particulièrement forte en Chine où elle a été renforcée par l’ouverture de l’économie chinoise à la mondialisation, avec la création de Zones économiques spéciales (ZES) et l’essor rapide d’une façade portuaire qui est la plus dynamique au monde.

 

C. Des espaces ruraux en mutation

La Chine étant en cours de transition urbaine, elle conserve une part importante de sa population recensée comme rurale (40 % en 2020) et 28 % de sa population active employée dans l’agriculture. La Chine est une grande puissance agricole, mais sa production ne lui permet pas de nourrir l’ensemble de sa population : elle est importatrice nette de produits agroalimentaires. Elle est marquée par un dualisme agraire persistant entre grandes structures étatiques ou privées, et une multitude de petites exploitations familiales. Les espaces ruraux connaissent des évolutions différenciées : déprise démographique et économique dans les espaces ruraux pauvres, inclusion dans le tissu urbain pour les campagnes périurbaines.

Présentation des documents 

Document 1

Photographie de « La ville nouvelle de Chongming, près de Shanghai » (à ne pas confondre avec Chongqing, cité dans d’autres documents). Le document 2 permet de localiser Chongming, sur une île en face. Attention, l’île aussi s’appelle Chongming. On voit sur la carte que l’île est rurale mais comporte aussi des espaces mixtes urbains et ruraux. La photographie, probablement d’ordre promotionnel, montre au premier plan un ponton aménagé en espace de loisir et de détente, avec des bateaux touristiques. À l’arrière-plan, derrière un groupe de maisons et des espaces verts, on voit des groupes d’immeubles hauts et modernes, dont un groupe d’immeubles en construction. Ainsi on peut observer que l’île de Chongming s’urbanise, mais aussi se gentrifie et est aménagée pour répondre à une demande de loisirs de la part des citadins.

 

Document 2

Ce document est une simplification d’une carte produite par la chercheuse Carine Henriot dans un article publié en 2016 sur Géoconfluences : « Métropolisation chinoise et villes nouvelles : l’exemple de Shanghai » (lien vers l’article : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/corpus-documentaire/villes-nouvelles). Elle montre le caractère polycentrique et mixte de la région urbaine, qui agrège des éléments hétérogènes, relevant de l’urbain, du périurbain, et du rural : « La production urbaine s’y caractérise par l’accélération récente des recompositions territoriales et sociales, l’hétérogénéité des éléments qu’elle agrège (ancien bourg rural, ville-satellite mono-industrielle, ville nouvelle, nouveau quartier résidentiel, campus déconcentré, parc d’activités, campagnes alentour), et par l’appropriation de modèles d’aménagement urbain internationaux (villes satellites, villes nouvelles). Ces extensions urbaines récentes favorisent l’émergence d’un système urbain polycentrique et hiérarchisé, avec des pôles secondaires, véritables pôles multifonctionnels de desserrement et d’intégration à l’échelle de la municipalité. »

Rubrique 

Géo-histoire

Le projet « One belt, one road », aussi nommé « Nouvelles routes de la soie », promu par le président Xi Jinping depuis 2013, fait appel à la mémoire des anciennes « routes de la soie », un réseau de routes commerciales qui structurait les échanges à l’échelle de l’Eurasie, entre la Chine et la Turquie actuelle, entre le IIe siècle av. J-C. et le XVe siècle. Il s’agit en effet de désenclaver l’Ouest de la Chine afin de développer les connexions terrestres et les axes de développement entre la Chine, l’Asie centrale, et l’Europe. Il y a aussi une dimension maritime, puisqu’il s’agit de renforcer la route maritime déjà très dynamique entre la Chine, l’Asie du Sud et de l’Est, et l’Europe, et de l’ouvrir davantage au continent africain. La Chine est bien sûr le centre de gravité de ce projet, qui témoigne de la place qu’elle entend occuper dans la mondialisation.

Cours 2 : Un développement inachevé

Résumé des grandes idées du cours 

A. Une émergence spectaculaire

Après l’ouverture à la mondialisation entamée dans les années 1980, la Chine, « usine du monde », connaît une montée en gamme de son économie : première productrice et exportatrice mondiale dans de nombreux secteurs industriels, elle se tertiarise, se spécialise dans des productions à haute valeur ajoutée, investit dans la recherche et le développement. La croissance du PIB ne repose pas seulement sur les exportations, mais aussi, de plus en plus, sur un marché intérieur important et dynamique. La société bénéficie de progrès importants en termes de développement humain : l’accès à l’éducation et en particulier à l’enseignement supérieur s’est considérablement élargi. Une classe moyenne et une classe aisée se constituent, qui aspirent à des loisirs et à un meilleur niveau de vie. Le surpoids touche plus d’1 Chinois sur 5. 

 

B. Une émergence source de défis

La Chine est confrontée à deux défis démographiques : le vieillissement de la population, accéléré par les politiques antinatalistes (dites de l’ « enfant unique ») appliquées de 1979 à 2015, et la surmasculinité, la Chine ayant le sex ratio à la naissance le plus déséquilibré au monde (115), notamment en raison des avortements sélectifs. Le régime communiste chinois est un régime répressif qui contrôle étroitement la société, censure toutes les formes d’expression, réprime les défenseurs des droits humains et cible particulièrement les « nationalités minoritaires », en particulier les Ouïghours et les Tibétains. Enfin, les inégalités restent importantes, entre les territoires, les villes et les campagnes, les femmes et les hommes.

 

C. Un territoire de plus en plus aménagé et maîtrisé

L’État réalise de lourds investissements dans l’équipement du territoire en infrastructures de transport (routes, LGV, ponts) ou de production d’énergie (grands barrages, centrales solaires). Cet aménagement participe aussi d’une politique de prestige.

Présentation des documents 

Document 1

Il s’agit de l’aéroport international Daxing de Beijing (Pékin). On peut remarquer l’architecture voulue futuriste et les ouvertures qui laissent entrer la lumière. Cet aéroport, en forme d’étoile, a été conçu par une architecte de renommée internationale, Zaha Hadid (décédée en 2016) et la filiale d'ingénierie d'Aéroport de Paris. Son ouverture a été annoncée pour les 70 ans de la proclamation de la République Populaire de Chine : il doit être inauguré le 30 septembre 2019. Il est annoncé comme devant être le plus grand du monde, dans la lignée des records mondiaux que détient déjà la Chine en matière de gigantisme de ses infrastructures. L'aéroport actuel de Beijing accueille déjà 100 millions de passagers par an, celui-ci doit en accueillir 100 millions de plus, et il est raccordé à des lignes de métro et de train à grande vitesse (comme Roissy dispose au sous-sol d’une gare RER et d’une gare TGV). Cette construction répond à l’augmentation du trafic aérien chinois. On estime que la Chine sera au milieu des années 2020 le premier marché mondial du transport aérien, portée par son immense marché intérieur. 

 

Document 2

Extrait d’un article de presse de Courrier international, « Vers la fin de l’exode rural ? ». Cet article permet de compléter l’information sur la transition urbaine, l’éclatement et la différenciation des espaces ruraux, mais aussi sur les défis démographiques auxquels la Chine est confrontée : la population vieillit, la population active se réduit, et la Chine s’urbanise. Tous ces facteurs se conjuguent, expliquant aussi la diminution du nombre de jeunes actifs ruraux susceptibles de migrer vers la ville - même si la transition urbaine se poursuit. On peut noter qu’en 2018, la Chine, pour la première fois depuis 70 ans, a vu sa population légèrement diminuer (de 1,27 million, ce qui est certes peu par rapport à 1,4 milliard). Avec l’augmentation du niveau de qualification des Chinois et de leur niveau de vie, cette diminution de la population active participe à l’augmentation des salaires en Chine. 

Rubrique 

Acteur du changement

« Trouver une épouse dans un contexte de surmasculinité ». Cette rubrique permet de souligner un effet de la discrimination envers les femmes et du problème des « femmes manquantes », qui existe dans d’autres pays d’Asie (comme l’Inde) mais est poussé à son paroxysme en Chine, à savoir le « déficit » d’épouses potentielles (le mariage restant la forme d’union privilégiée). Des millions de Chinois souhaitant trouver une épouse ne peuvent pas la rencontrer en Chine : ils sont estimés à 25 millions en 2020. Ce problème de « pénurie » de femmes sur le marché du mariage est plus accentué dans les régions rurales pauvres. Il s’est ainsi créé un marché de rencontres matrimoniales à grande échelle, qui mettent en relation des hommes avec des femmes d’autres provinces ou d’autres pays plus pauvres d’Asie. Ainsi se développe une « migration de mariage » organisée en provenance du Vietnam, de Thaïlande, du Cambodge, avec des dérives en particulier concernant les femmes les plus vulnérables. Début 2019, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé un trafic de femmes du Myanmar (Birmanie), vendues à des familles chinoises confrontées à la difficulté de trouver une épouse. 

Cours 3 : Un environnement et des ressources sous pression

Résumé des grandes idées du cours 

A. Un modèle de développement reposant sur une exploitation intensive des ressources

Avec un vaste territoire d’une superficie de 9,6 millions de km², la Chine présente des milieux physiques variés et des ressources abondantes : eau, forêts, ressources minières (charbon, hydrocarbures, minerais, etc.). Depuis la période maoïste, notamment le Grand Bond en avant, ces ressources sont exploitées de manière intensive pour le développement industriel du pays. Cette exploitation se poursuit aujourd’hui avec un fort impact sur l’environnement, malgré quelques efforts pour le limiter.

 

B. Un environnement dégradé

La déforestation favorise une érosion qui affecte les terres agricoles, notamment le plateau de loess (terres très fertiles, au Nord-Ouest). Les déserts du Nord-Ouest progressent et des tempêtes de sables atteignent la capitale, accentuant la pollution atmosphérique déjà intense. Les eaux de surface sont polluées par les effluents que rejettent les usines. La mauvaise qualité de l’air, liée à des concentrations très élevées en particules fines (émises par le trafic automobile, la combustion de charbon dans les centrales électriques, les nombreux chantiers), notamment dans les grandes villes, provoque de nombreuses maladies respiratoires. La Chine est désormais le premier émetteur de gaz à effet de serre (GES).

 

C. La mise en place de politiques environnementales

L’opinion publique se mobilise sur les questions d’environnement, contre des projets polluants (usine, incinérateur), dans un contexte où toute contestation reste pourtant difficile. Le pouvoir central a affirmé sa volonté de réduire les pollutions et les émissions de GES. Ainsi, la Chine est signataire de l’accord de Paris sur le climat (2015).

Présentation des documents 

Document 1

Cette photographie permet d’illustrer l’aménagement du territoire et le questionnement sur ses impacts (voir la question 10 sur les barrages p. 297). La Chine a des besoins énergétiques croissants et doit opérer sa transition énergétique pour réduire ses émissions de GES. L’électricité hydraulique est intéressante dans cette perspective mais, comme la photographie l’illustre, les barrages géants ont un impact assez lourd localement sur l’environnement et sur les habitants, comme dans le cas du barrage des Trois-Gorges. Le commentaire de la photographie permet d’expliquer l’aspect gris de la vallée et des montagnes, qui ont été déboisées et bétonnées. Les barrages de dimensions plus modestes ont un impact moindre sur l’environnement. Ici, la prouesse technologique et le gigantisme de l’opération participent aussi de l’affirmation de la puissance chinoise. 

 

Document 2

Ce document permet de compléter les informations sur l’impact environnemental du développement de la Chine : pollution atmosphérique liée à l’essor de l’automobile, pression et pollution de la ressource en eau. Il peut permettre d’interroger la notion de développement dans la mesure où, à l’échelle de la Chine, on perçoit facilement le caractère non viable d’un développement non durable, d’une mobilité fondée principalement sur l’automobile, etc.

Rubrique 

Prolongement numérique : on propose ici une version numérique et originale du commentaire de paysage, avec l’application Xia (pour ordinateur) ou Xia Express (pour tablette). Cette proposition peut bien sûr être adaptée à bien d’autres types de paysage. 

Dossier : Le tourisme intérieur en Chine : des mobilités croissantes, de multiples enjeux

Présentation de l’étude 

Le tourisme des Chinois dans leur pays offre un angle original et intéressant pour traiter de multiples enjeux du chapitre : les mutations économiques et sociétales, le développement des loisirs et de la consommation, la mise en scène de territoires pour différents types de tourisme, mais aussi la dimension très politique de cette mise en tourisme.

Présentation des documents

A. L’accès des Chinois à une société de loisirs

 

Document 1

Cette carte est adaptée de l’Atlas de la Chine de Thierry Sanjuan et du site de l’UNESCO. Elle reprend en partie la catégorisation des sites du patrimoine mondial proposée par l’UNESCO, qui distingue des sites culturels, naturels et mixtes. Mais attention, les sites en rouge correspondent aux principales destinations touristiques (et non au patrimoine en péril). On peut remarquer la diversité des types de valorisation touristique : tourisme culturel et historique, tourisme de nature (exploité plus récemment), tourisme balnéaire.

 

Document 2

Extrait de l’Atlas de la Chine de Thierry Sanjuan (document de vulgarisation scientifique). Ce texte rend compte d’une grande mutation sociétale, à savoir l’instauration de trois semaines de congés payés pour les salariés chinois à partir de 1999. Cette dernière répond à l’aspiration des Chinois à de nouvelles pratiques sociales et culturelles, à l’élévation de leur niveau de vie, au développement des mobilités à l’échelle nationale et internationale. On perçoit aussi la dimension politique et nationale de ces moments de congé, dont les dates ont évolué pour revaloriser des « fêtes traditionnelles chinoises ».

 

Document 3

Histogramme sur « L’essor du tourisme intérieur », adapté d’un graphique de l’Atlas de Sanjuan. On note qu’entre 2000 et 2016, le nombre de déplacements touristiques augmente d’un facteur 5,5 (de 800 millions à 4 440 millions de déplacements par an). Ainsi, le tourisme, pratique d’abord réservée à une élite, progresse d’abord lentement puis se développe rapidement à partir de 2005 et se massifie, si bien qu’il représente un secteur économique essentiel (12 % du PIB). Cependant, il faut garder un certain recul par rapport aux chiffres donnés : l’augmentation du nombre de déplacements touristiques est significative mais il faut faire attention au décompte statistique officiel des « touristes en Chine ». Un article de Benjamin Taunay, publié en 2011 (« Le tourisme intérieur chinois, reflet des mutations de la Chine contemporaine », http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/tourisme/TourScient3.htm) fait le point sur l’ambiguïté des statistiques chinoises sur le tourisme : « les statistiques touristiques chinoises ne comptabilisent pas les touristes, mais seulement – comme le fait également l'OMT – le nombre de touristes par « fois ». Cette unité de mesure [...], littéralement la « fréquentation », comptabilise le nombre total de déplacements, un compte qui indique un chiffre bien différent du nombre total de touristes. Ainsi, un touriste qui part plusieurs fois en vacances pendant une même année sera comptabilisé comme plusieurs touristes. Ensuite, en plus des différences dans la manière de comptabiliser les touristes selon les provinces du pays, le gouvernement semble confondre les voyageurs et les touristes. [...] Les profils des voyageurs, ainsi que leurs motifs de voyages ne sont pas indiqués, si bien que sous ce chiffre global se cachent des voyages d'affaires, des visites à la famille, des réunions de travail et des colloques, voire même des loisirs (certains déplacements durent moins d'une journée mais sont quand même ici comptabilisés). Par exemple, lors du nouvel an chinois, il est d'usage de retourner voir sa famille, et dans le système statistique chinois, cela s'apparente à du tourisme (l'OMT ne fait également pas la distinction entre les différents motifs des voyages). ».

 

 

B. Une pratique aux dimensions culturelles et politiques

 

Document 4

Extrait d’un article d’un hors-série de la revue de géopolitique grand public Diplomatie (2018). Il témoigne de la dimension très politique de la mise en tourisme du Tibet, province dite autonome : elle participe du désenclavement du Tibet, de son intégration au territoire national, mais aboutit aussi, selon l’auteure de l’article, Olga Alexeeva, à une destruction partielle du patrimoine pour les aménagements touristiques, et le développement du « tourisme ethnique » donne une forme de folklorisation stéréotypée des pratiques culturelles tibétaines.

 

Document 5

Cette attraction fait partie d’un parc à thème récemment ouvert par le groupe chinois Fantawild, « Asian Legend », construit pour présenter dix pays de l’Asie. Les parcs à thème de différentes sortes rencontrent beaucoup de succès en Chine : on peut penser au parc Disneyland de Shanghai, ou aux parcs aquatiques. « Asian Legend » fait partie des parcs d’attraction culturels qui présentent des reproductions, parfois réduites, de monuments situés dans d’autres pays (un parallèle peut être esquissé avec Las Vegas).

 

Document 6

Au premier plan, des touristes chinois posent, déguisés en soldats de l’Armée populaire de libération (fondée par le Parti communiste chinois sous le nom d’ « Armée rouge » en 1927, sur le modèle de l’armée soviétique). Derrière eux, sur une place entourée de drapeaux chinois, se dresse une statue de Mao. La scène a lieu à Shaoshan, le village natal de Mao, lieu mémoriel du communisme chinois de plus en plus fréquenté dans le cadre d’un « tourisme rouge » promu par le gouvernement depuis les années 2000. La visite de « sites rouges » est incluse dans les programmes scolaires. Pour Olga Alexeeva, la valorisation des « lieux de mémoire rouges » participe à « la création de la nouvelle mémoire collective liée au passé maoïste », et à l’ « éducation patriotique de la jeunesse chinoise » : « ces sites rouges présentent une description romantique du passé révolutionnaire et, par extension, de l’ère maoïste, dans laquelle les hauts faits du PCC sont mêlés à des récits d’héroïsme individuel ».

Corrigés des questions

Parcours A

 

Question 1 (Document 2)

Les nouveaux touristes chinois sont majoritairement des salariés, qui appartiennent aux classes moyennes ou aisées, principalement urbaines (les trois quarts des touristes chinois sont des urbains). En effet, ce sont eux qui bénéficient des trois semaines de congés payés récemment octroyées par le gouvernement (doc. 2), et qui ont la capacité d’assurer les dépenses qu’implique un séjour touristique (déplacement, hébergement, agence de voyage, etc.). 

 

Question 2 (Documents 1, 4, 5 et 6)

On peut identifier plusieurs types de tourisme à partir des documents cités :

  • Un tourisme culturel, qui s’intéresse au patrimoine historique, matériel ou immatériel, de plusieurs territoires. Comme le montre le document 1, c’est principalement un tourisme urbain, surtout développé dans les métropoles comme Beijing, Shanghai, Hong Kong, mais aussi d’autres sites comme ceux de Xi’an (où l’on peut voir, notamment, le mausolée de l’empereur Qin et son armée de terre cuite, qui date du IIIe siècle avant l’ère commune) ; 
  • Une variante du tourisme culturel, qui est qualifiée de « tourisme ethnique » dans le document 4 : il s’organise autour de la mise en scène et de la découverte de la culture d’un groupe territorialisé, comme la culture tibétaine qui est l’exemple cité. Il s’agit non seulement de visiter et de contempler des sites (quartiers historiques, monastères), mais aussi d’assister à des manifestations de la culture spécifique de ce groupe (spectacles, fêtes, costumes). On peut presque parler de tourisme participatif ;
  • Un tourisme de divertissement, particulièrement dans les parcs à thèmes comme celui cité dans le document 5, qui ont beaucoup de succès en Chine ;
  • Un tourisme de nature, moins développé que les autres d’après ce que montre la carte (document 1), qui s’appuie sur la valorisation de paysages naturels remarquables, comme les formations karstiques de Guilin (le Parc national de Zhangjiajie dans le Hunan a inspiré, à travers ses pics karstiques, le film Avatar ; voir manuel de Seconde, chapitre 2). Ce type de tourisme peut également porter sur la préservation de la biodiversité, comme les sanctuaires du grand panda du Sichuan, qui constituent, d’après la description qu’en donne l’UNESCO, « la plus grande et la plus importante zone contiguë d’habitat du panda en Chine et, en conséquence, dans le monde », et qui comprennent « un grand nombre d’espèces animales et végétales endémiques et menacées » (https://whc.unesco.org/fr/list/1213) ;
  • Un tourisme balnéaire, par exemple à Qingdao, dans le Shandong (doc. 1). C’est une forme de tourisme qui s’est massifiée depuis la fin des années 1990 ;
  • Un tourisme politique et patriotique, dit « tourisme rouge » (doc. 6), qui connaît un essor depuis les années 2000, et valorise les lieux mémoriels liés à l’histoire du maoïsme et du communisme chinois, qui sont ainsi glorifiés et intégrés dans un récit national patriotique.

 

Question 3 (Document 4)

L’auteure du document, Olga Alexeeva, est historienne et professeure d’histoire de la Chine à l’Université du Québec à Montréal. Elle propose une analyse critique des modalités de la mise en tourisme du Tibet par le pouvoir central. Si elle admet que le Tibet reçoit certains avantages économiques du tourisme, à savoir « des revenus considérables » et « des investissements privés », elle considère que le développement du tourisme au Tibet se fait selon des modalités qui entraînent des effets négatifs. Elle cite des dommages matériels sur le patrimoine bâti à Lhassa, la capitale de la province, notamment la « démolition des anciens bâtiments et des habitations tibétaines au sein des quartiers historiques de la ville ». Elle pense également que les modalités de la mise en tourisme du Tibet aboutissent, pour les Tibétains, à une dépossession de leur culture. En effet, selon elle « les attractions proposées aux touristes n’ont rien d’authentique ou d’original », et « offrent une vision simplifiée et sinisée des fêtes, des costumes et de la musique tibétains ». Elle estime ainsi que l’augmentation du tourisme au Tibet a abouti à une folklorisation de la culture tibétaine, dont les visiteurs ne perçoivent qu’une vision réductrice et stéréotypée, susceptible d’alimenter des préjugés ethnicistes voire racistes des Chinois Han envers les Tibétains. 

 

 

Parcours B

 

 Question 4

 

 

Question 5 (Documents 4 à 6)

Le tourisme a une forte dimension politique en Chine : 

  • Comme le montre le document 4, le tourisme ethnique dans les provinces dites autonomes, en situation de périphérie par rapport à la Chine développée, urbanisées et majoritairement Han, participe d’une appropriation et d’un contrôle du Tibet par l’État central. Ce contrôle passe par une intégration et une folklorisation de la culture tibétaine, que la mise en tourisme de la province, d’après l’auteure, travestit et présente de manière stéréotypée. 
  • Le parc à thème de Nanning (doc. 5), avec sa reproduction en plastique d’Angkor Vat, le temple le plus connu, témoigne d’une forme d’appropriation qui peut sembler peu respectueuse du patrimoine cambodgien. De nombreux Cambodgiens ont en effet estimé que cette reproduction porte atteinte à leur dignité. Il est également possible que cela rappelle le souvenir de la période coloniale, car une reproduction d’Angkor Vat avait été présentée à Paris lors de l’Exposition coloniale de 1931.
  • Le « tourisme rouge », enfin, est une forme de tourisme très politisée : comme le montre la photographie qui présente des touristes chinois en costume de l’Armée populaire de libération posant devant une statue de Mao, érigée dans son village natal, il s’agit de mettre en valeur et faire connaître les lieux mémoriels du maoïsme et du communisme, dont l’histoire est ainsi réinventée et glorifiée. Ce tourisme autour des « sites rouges » a ainsi un but d’édification patriotique de la population.

Apprendre autrement : Où en est la transition énergétique en Chine ? 

Présentation de l’étude 

Méthodes et capacités mobilisées dans cette étude : 

  • Construire une argumentation : analyse critique d’un document ; 
  • Utiliser le numérique : identifier et évaluer les ressources pertinentes en histoire-géographie.

 

Cette étude propose un travail de recherche et d’analyse critique de différentes sources numériques sur le thème de la transition énergétique en Chine. Quelques questions accompagnent les documents et peuvent être utilisées pour guider la réflexion.

Présentation des documents

Les documents sont tous des extraits de sites Internet.

 

Document 1

« Le discours du président Xi Jinping lors du 19e Congrès national du PCC (18 octobre 2017) », extrait du site Internet de Xinhua, c’est-à-dire « Chine nouvelle », qui est une agence de presse nationale, rattachée au gouvernement chinois. Elle relaie le discours officiel du gouvernement chinois, en l’occurrence le discours du président sur l’ampleur et le succès de la politique environnementale de la Chine. Le document est extrait de la page suivante : http://french.xinhuanet.com/chine/2017-11/03/c_136726219.htm.

 

Document 2

Il s’agit de deux captures d’écran extraites de deux sites Internet :

  • Extrait du site de la revue d’Alternatives économiques (2018) : https://www.alternatives-economiques.fr/emissions-de-co2-chine-desormais-premier-rang/00084141. L’article, publié par l’économiste Stéphanie Monjon, illustré par deux graphiques, nuance ou complète l’information apportée par le titre : la Chine est le premier pays émetteur de CO si l’on considère le total des émissions, qui entre 2000 et 2016 sont passées de 14,2 % à 29,2 % du total mondial des émissions, ce qui la place loin devant les États-Unis d’Amérique (qui dans le même temps sont passés de 22,7 % à 14 % des émissions mondiales) ;
  • Extrait du site du journal suisse Le Temps (2017) : https://www.letemps.ch/economie/environnement-chine-estelle-devenue-premiere-classe. Il s’agit d’un article d’économie, la rubrique étant intitulée « L’invitée », ce qui explique certainement pourquoi l’auteure de l’article n’est pas journaliste. Il s’agit d’Helen Wong, présentée comme Directrice générale de la banque HSBC à Hong Kong et en Chine continentale. Il s’agit d’un article assez élogieux sur le leadership chinois dans les « investissements verts », notamment dans les énergies renouvelables, et sans distance critique à l’égard de son objet. Ceci s’explique par la situation de l’auteure, qui vit et travaille en Chine et est impliquée professionnellement dans son sujet.

 

Document 3

Il s’agit de deux captures d’écran extraites du site de Daxue Conseil (2016), accessible à cette adresse : https://daxueconseil.fr/le-nucleaire-civil-chinois/. La capture de gauche présente le titre et une photographie d’une centrale nucléaire. Celle de droite est une carte des réacteurs nucléaires chinois en opération, en construction et en projet. Daxue est une société qui produit des études de marché pour les entreprises qui veulent s’implanter en Chine. Elle décrit comment la Chine, d’abord importatrice de technologie nucléaire, est ensuite devenue autonome dans ce domaine, et maintenant en mesure d’exporter elle-même cette industrie.

 

Document 4

Il s’agit de deux captures d’écran extraites du blog Énergie & Développement, tenu par Thibault Laconde, ingénieur et consultant spécialiste de l’énergie, http://energie-developpement.blogspot.com/2018/02/mix-electrique-chine.html :

  • Capture du titre et du début de l’article « 7 idées reçues sur le mix électrique chinois » ;
  • Capture de deux graphiques et d’un tableau illustrant l’« Idée reçue n°1 » selon laquelle les énergies fossiles reculent en Chine. 

Ce blog est hébergé par le site que l’auteur tient en tant que consultant. Dans cet article, il établit « 7 idées reçues », en argumentant sur la base de données objectives. Ces idées sont soit exagérément positives soit exagérément négatives à propos de l’évolution de la part des différents types d’énergie dans la production d’électricité en Chine. 

Corrigés des questions

Étape 1. 

  • Choix par chaque groupe, en fonction du nombre d’élèves, d’un ou deux des sites présentés dans les 4 documents ;
  • Première recherche, pour identifier les sites d’où sont extraits les différents documents ;
  • Question : Quel est le statut de Xinhua ? Réponse : Xinhua signifie « Chine nouvelle », il s’agit d’une agence de presse nationale, rattachée au gouvernement chinois. Elle a été fondée en 1931 par le Parti communiste chinois. Il s’agit donc d’un organe officiel d’information contrôlé par le pouvoir central ;
  • Question : Quelles sont les activités de Daxue Conseil ? Réponse : Daxue Conseil est une société qui produit des études de marché pour des entreprises qui veulent s’implanter en Chine ; 
  • Question : Quels en sont les destinataires ? Réponse : Les destinataires sont des sociétés étrangères qui veulent s’implanter sur le marché chinois et ont besoin d’une expertise (étude de marché, conseil, étude marketing, etc.).

 

Étape 2.

Docu-

ment

Site Internet source

Auteur

Page consul-

tée, dernière mise à jour

Nature du site

Point de vue 

Fiabilité du site

Doc. 1

Site de Xinhua, french.xinhuanet.com

 

Gouvernement chinois

« Texte intégral du rapport de Xi Jinping au 19e Congrès national du PCC », 03/11/2017

Agence de presse nationale

Point de vue du gouvernement chinois

Discours officiel, informa-

tion contrôlée dans le contexte d’un régime qui exerce une forte censure. Peu fiable.

Doc. 2

Site du journal suisse Le Temps

Helen Wong, Directrice générale du groupe bancaire HSBC à Hong Kong et en Chine continen-

tale

« Environ-

nement : comment la Chine est- elle devenue la première de la classe ? »

Site journalis-

tique ; tribune 

Point de vue d’une dirigeante d’un groupe bancaire implanté en Chine 

Site journalisti-

que sérieux. Mais tribune présentant un point de vue assez partiel, assez univoque, sans recul ni mise en perspecti-

ve. Site fiable mais point de vue de la tribune à nuancer et à compléter.

 

Site de la revue Alternatives économiques, www.alternatives-economiques.fr

Stéphanie Monjon, maîtresse de conféren-

ces en sciences économi-

ques à l’Univer-

sité Paris Dauphine

« Emis-

sions de CO : la Chine désormais au premier rang », 11/04/2018

Revue de vulgarisa-

tion scientifi-

que

Point de vue scientifi-

que

Fiable

Doc. 3

Site de la société Daxue Conseil, daxueconseil.fr

Auteur collectif, Daxue Conseil

« Le développe-

ment du nucléaire civil chinois », 17 novembre 2016

Site d’entre-

prise, avec une expertise et à but commer-

cial

Point de vue informé et expert, mais aussi intéressé 

À compléter avec d’autres sources 

Doc. 4

Blog Energie et Développe-

ment, http://energie-developpement.blogspot.com/, hébergé par le site du même nom

Thibault Laconde, ingénieur et consultant en climat et énergie

« 7 idées reçues sur le mix électrique chinois », 07/02/2018

Blog d’expert

Point de vue scienti-

fique / expert

Fiable

 

Étape 3.

Présentation orale et mise en commun des résultats trouvés.

 

Étape 4.

Bilan de la tâche.

  • On peut distinguer :
    • Des sites présentant un point de vue assez partiel, dont le discours relève autant de l’information que de la communication, pour plusieurs raisons : soit parce qu’il émane d’un pouvoir politique dans un contexte non démocratique, ou par sa proximité avec le pouvoir, soit parce qu’il relaie un point de vue partiel, car intéressé sur un plan professionnel et économique, soit parce que l’auteur est dans une position qui ne permet pas d’avoir de distance critique, notamment dans le contexte autoritaire du régime communiste chinois ;
    • Des sites qui présentent un point de vue assez objectif, avec une distance critique et une approche scientifique et / ou experte. Les sites les plus fiables sont ces derniers (Altereco, Énergie & Développement).

Pour aller plus loin

Cette tâche peut bien sûr être actualisée, et complétée par d’autres documents. Elle peut aussi être adaptée à d’autres sujets.

L’auteur du blog Énergie & développement, Thibault Laconde, a publié une note sur le mix électrique chinois (30 janvier 2018), intitulée « Le mix électrique chinois en 2017 : Grand bond en avant ou petits pas ? » :

http://energie-developpement.com/wp-content/uploads/2018/02/Briefing-Mix-%C3%A9lectrique-chinois-en-2017.pdf

Méthode : Rédiger un commentaire

Présentation de la méthode

Extrait des définitions d’épreuves pour les épreuves communes de contrôle continu d’histoire géographie dans la voie générale, à compter de la session 2021 (publication en 2019) : « L’analyse de document(s) permet au candidat de montrer qu’il comprend le sens général du (ou des deux) document(s), qu’il est capable de sélectionner les informations, de les hiérarchiser, de les expliciter et de prendre un recul critique en réponse à une interrogation en s’appuyant d’une part sur le contenu du (ou des) document(s) et, d’autre part, sur ses connaissances personnelles. ».

 

Proposition de méthode :

  1. Repérez les grands axes de la consigne qui vous suggèrent la problématique à adopter. Faites attention à la formulation de la consigne.
  2. Identifiez le document : titre, nature, source, date de publication, thème, éventuellement point de vue.
  3. Lisez attentivement le document, en relevant les éléments à citer permettant de traiter la consigne. Ces éléments devront être cités et commentés à l’aide des connaissances.
  4. Identifiez les notions à mobiliser pour analyser le document.
  5. Construisez le plan détaillé, répondant à la problématique suggérée par la consigne. Elle peut vous donner les grands axes, voire les idées principales à développer. Il peut être utile de faire un tableau où vous associez citations et connaissances. Cela permettra d’éviter deux écueils : la paraphrase (reformulation sans connaissance) et la récitation de cours (connaissances non reliées au document).
  6. Rédigez :
    • Introduction : 
  • Enjeux du sujet ;
  • Présentation du document ;
  • Problématique ;
  • Annonce du plan.
    • Développement :
  • Phrase introductive de la partie I, exposant le 1er axe ;
  • Paragraphe A : Phrase introductive du paragraphe A, exposant l’idée à développer ; puis, proposer une ou plusieurs citations, expliquées et commentées par des connaissances à mobiliser de la façon la plus précise possible ; conclure.
  • Idem pour les autres paragraphes et parties.
    • Conclusion : bref bilan des 2 ou 3 axes du développement. Éventuellement, une phrase finale peut mettre en perspective le document avec un autre, ou avec un autre territoire, ou avec un fait d’actualité.

 

Sujet BAC 

Présentation de la méthode

Question problématisée : Quels sont les effets de la mondialisation sur l’organisation spatiale chinoise ?

 

La mondialisation est une dynamique spatiale qui met en relation et en concurrence les différentes parties du monde, par l’accélération des flux de personnes, de marchandises, de capitaux, d’informations. Si la Chine est ouverte depuis longtemps à la mondialisation, en particulier à travers les relations commerciales, on s’intéressera ici à la phase la plus récente de ce processus, c’est-à-dire l’ouverture de la Chine à une économie libérale et globale, et à ses « effets » sur l’ « organisation spatiale chinoise ». Quelles mutations récentes de l’organisation spatiale de la Chine peuvent s’expliquer par les effets de la mondialisation ?

Certaines mutations récentes de l’espace chinois peuvent s’expliquer par l’ouverture de la Chine à l’économie mondiale depuis les réformes économiques adoptées sous Deng Xiaoping. Cependant, les effets de cette ouverture à la mondialisation ne sont pas uniformes mais sélectifs, et cette notion d’ « effets de la mondialisation » ne doit pas être comprise comme une influence univoque de cette dynamique sur le territoire : le pouvoir cherche à orienter et maîtriser la mondialisation.

 

 

Les effets de la mondialisation sur l’organisation spatiale de la Chine sont visibles à plusieurs échelles. L’aménagement du territoire s’adapte à ces mutations.

À l’échelle de la Chine, ils se traduisent par la prépondérance des régions littorales sur le plan démographique, urbain et économique. En effet, l’ouverture de la Chine à l’économie mondiale s’est faite dans les provinces littorales, où les premières Zones Économiques Spéciales, comme Shenzhen, ont été délimitées à partir de 1979, pour attirer les investissements extérieurs. Elles ont été étendues dans les années 1980 à plusieurs villes côtières. Ces mesures se sont traduites par une industrialisation importante de ces espaces, et par un renforcement des migrations des campagnes vers les villes (malgré les restrictions officielles liées au système du hukou), et donc par une croissance urbaine toujours présente. Les régions littorales, qui rassemblent, sur 14 % du territoire, 45 % de la population, 58 % du PIB et 83 % des IDE, sont ainsi les plus urbanisées et les plus ouvertes à la mondialisation. 

À l’échelle locale, la mondialisation financière est illustrée par la présence de centres d’affaires dans les grandes villes, le plus important étant Lujiazui à Shanghai, dans le district de Pudong. L’ouverture du littoral à la mondialisation se traduit enfin par la croissance et la modernisation des ports de commerce. La Chine est désormais dotée d’une façade maritime puissante, qui sert sa puissance exportatrice. 8 des 10 ports les plus actifs au monde sont chinois (que le critère retenu soit le tonnage ou le volume en EVP). Pour les adapter à l’augmentation du trafic et au gigantisme des navires, la Chine a construit de vastes ports à conteneurs, comme Ningbo-Zhoushan ou Yang Shan, des ports en eau profonde de grande capacité qui sont en tête des classements portuaires mondiaux. Enfin, on peut aussi citer l’adaptation des infrastructures de transport à l’augmentation du trafic international de passagers. Ainsi, un nouvel aéroport international a été construit à Beijing pour compléter l’aéroport actuel qui, avec 100 millions de passagers par an, est proche de la saturation. Il doit en accueillir 100 millions de plus par an et constitue une plateforme multimodale performante reliée aux réseaux de transports ferroviaire et routier. À l’échelle locale, les villes connaissent donc des mutations importantes qui témoignent des effets de la mondialisation, mais aussi de l’adaptation de la Chine à ce processus à travers des aménagements.

 

Si la Chine s’adapte à la mondialisation et à ses effets, elle s’efforce d’en compenser certaines conséquences spatiales sur son territoire, voire de la maîtriser. 

En effet, la mondialisation s’accompagne d’une dynamique de métropolisation, c’est-à-dire un processus de concentration des populations, des activités, des fonctions de commandement et des investissements dans les grandes villes (les métropoles). Cette logique est sélective : si elle dynamise les espaces métropolitains les mieux connectés à la mondialisation, d’autres espaces, plus enclavés et plus pauvres, sont perdants, comme on peut le voir à plusieurs échelles. C’est le cas de certains espaces ruraux, notamment en montagne, qui sont marqués par un exode de la population active vers les villes pour y trouver un emploi. Des villages pauvres et enclavés sont ainsi peuplés de personnes âgées et d’enfants, que leurs parents y laissent, notamment parce que le système du hukou continue de les empêcher de bénéficier de plusieurs services en ville, comme l’école pour leurs enfants. À l’échelle de la Chine, les régions de l’intérieur et de l’Ouest sont les moins intégrées à la mondialisation, les moins peuplées et les moins riches. 

Néanmoins, plusieurs politiques sont menées par la Chine pour compenser l’enclavement à différentes échelles. À travers sa politique urbaine, elle compense l’enclavement de certaines villes intérieures par des investissements. Cette politique est particulièrement poussée, depuis la fin du XXe siècle, à Chongqing, où l’État investit dans l’économie (par l’implantation de zones de développement industriel et technologique), dans des programmes de logement, dans les infrastructures de transport (Chongqing est relié à une LGV). À l’échelle de la Chine, une politique volontariste de développement de l’Ouest s’efforce aussi de compenser le déséquilibre économique et démographique avec le littoral. Là encore, la connexion au réseau national de transport et les investissements sont les outils privilégiés du désenclavement, notamment pour les régions périphériques à statut dit autonome comme le Xinjiang ou le Tibet. Ces provinces font aussi l’objet d’une colonisation intérieure destinée à augmenter la proportion de Hans dans la population. En effet leur désenclavement obéit aussi à une logique politique endogène de contrôle du territoire.

Enfin la Chine mène des politiques d’aménagement qui sont conçues à une échelle mondiale pour maîtriser la mondialisation. Les « Nouvelles routes de la soie » offrent l’exemple d’une politique d’intégration de la Chine dans un réseau de transport et de communication maritime et terrestre à l’échelle mondiale, par la poursuite de l’ouverture maritime, par une intégration à l’Eurasie via le désenclavement de ses marges. À ce propos, Thierry Sanjuan conclut : « La Chine, nouvelle puissance globale, aménage dorénavant son territoire à une autre échelle qu’elle-même. » (article « La fin des trois Chine ? », par Thierry Sanjuan, publié en 2016 sur le site Géoconfluences).

 

 

Les effets de l’ouverture de la Chine à la mondialisation sont visibles dans son organisation spatiale à différentes échelles. Elle s’y adapte par des aménagements qui transforment les villes, les littoraux, le système de transport et de communication. La mondialisation s’accompagne d’une dynamique de métropolisation qui accentue les contrastes entre les espaces mondialisés et les espaces enclavés. Néanmoins l’État, qui est l’acteur essentiel de l’aménagement du territoire, compense cet effet par des politiques de désenclavement et de développement, qui obéissent aussi à des logiques endogènes. Enfin la Chine ne se contente pas de s’adapter à la mondialisation, elle cherche aussi à la maîtriser à son profit, comme le montre son initiative des « Nouvelles routes de la soie ».

 

Corrigé du croquis

Le croquis corrigé sera bientôt disponible.

 

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