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François 1 & Wilmington Charter : A New Look
20 avril 2020

TERMINALE : JAPON - CHINE : CONCURRENCES RÉGIONALES, AMBITIONS MONDIALES

Japon - Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales.

A voir sur Arte : "TOUS SURVEILLÉS - 7 milliards de supsects"

Introduction :

La région Asie-Pacifique connaît actuellement les taux de croissance les plus élevés de la planète. Tous les États ont imité le Japon et enclenché des politiques de développement fondées sur l’exportation de produits industriels. Les « Dragons » (Corée du Sud. Taïwan. Hong-Kong et Singapour.) sont devenus des pays développés et la Chine à partir de 1979 connaît une profonde mutation de son organisation économique et sociale. Cependant, le développement est source de tensions et de compétitions entre les différents États. Le conflit le plus grave oppose le Japon et la Chine. Les deux pays s’opposent sur tous les grands sujets et de nombreuses chancelleries redoutent l’éclatement d’un conflit armé sur le modèle de la Première Guerre mondiale en Europe. Cependant, si les discours sont agressifs, les relations économiques ne cessent de se renforcer ; cela pourrait faire mentir ceux qui pensent que « le passé de l’Europe est l’avenir de l’Asie ».

PQ : Quels sont les fondements de la montée en puissance économique du Japon et de la Chine? Comment la rivalité entre la Japon et la Chine en Asie se traduit-elle? Quels sont les outils et les manifestations des ambitions mondiales du Japon et de la Chine?

I) Japon - Chine, des trajectoires économiques croisées

A°) Deux civilisations très proches dont le passé est marqué par des conflits.

La Chine fait son unité au second siècle avant notre ère. Elle se dote d’un État fort et centralisé avec une administration efficace. Les pays voisins (Corée Vietnam...) sont réduits au rang de vassaux. La Chine développe une culture brillante qui se répand dans toute l’Asie. Le Japon, même s’il n’a jamais été vassal de la Chine et n’a jamais payé de tribut, a été quand même très influencé par la culture chinoise, par la religion confucéenne qui prône le respect des anciens et de la hiérarchie. Il a adopté l’écriture chinoise mais a aussi développé une religion nationale : le shintoïsme qui fait de l’empereur un personnage divin.

La Chine comme le Japon se sont fermés au monde pour défendre leurs traditions et leurs

structures féodales. Or, au XIXsiècle, les Européens et les Américains s’industrialisent et augmentent leur puissance économique et militaire. Les Occidentaux, à la recherche de débouchés obligent les deux États à s’ouvrir en recourant la force (« politique de la cannonière »).

Le Japon décide se moderniser (« Ere Meiji ») en s’appuyant sur ses traditions pour sauvegarder son indépendance. Il devient rapidement une puissance industrielle et militaire.

En revanche, la Chine, plus faible, est dépecée par les puissances industrielles qui lui imposent les « traités inégaux ». En 1895, la Chine est battue par le Japon qui lui arrache Taïwan et lui impose l’indépendance de la Corée.

En 1919, la Conférence de la Paix, accorde (provisoirement) aux Japonais le Shandong (allemand) provoquant la révolte de la jeunesse chinoise.
En 1929, devant l’ampleur de la crise économique, le Japon fait le choix de l’impérialisme. En 1931, il occupe la Mandchourie et en 1937, il attaque la Chine. Dans la ville de Nankin, les troupes japonaises commettent un massacre qui empoisonne toujours les relations entre les deux États.

En 1945, le Japon est écrasé par les États-Unis tandis que la Chine (de Tchang Kaï Chek) fait partie des vainqueurs.

La Chine demande régulièrement des excuses au Japon que celui-ci a pourtant exprimées par écrit en 1972, lors de la normalisation diplomatique entre les deux pays, puis réitéré oralement à plusieurs reprises, en les élargissant même à l’ensemble de l’Asie en 1995, puis en 2005 (Corée du sud).

Cependant, la Chine doute encore de la sincérité japonaise du fait de visites régulières au sanctuaire Yasukuni (qui rend hommage aux Japonais morts pour l’Empereur) effectuées ces dernières années par le premier ministre japonais. À cela s’ajoute la publication de manuels scolaire jugées trop complaisants envers l’agression japonaise contre la Chine.

B°) Le Japon entre crise et renouveau

Le Japon est alors occupé par les EU qui maintiennent l’empereur (dépouillé de son caractère divin) et imposent la démocratie. Cette démocratisation reste limitée car le même parti (le Parti Libéral-démocrate) gouverne le pays depuis plus de 50 ans. (Premier ministre Abe).

Le pays est un « nain politique » : il a une faible armée (et profite du « parapluie » militaire américain), il n’est pas membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. L’article 9 de la constitution japonaise interdit tout recours à la force. En revanche, le Japon dans les années 1960 et 1970 connaît une croissance spectaculaire grâce à l’action de l’Etat et la stratégie du « vol des oies sauvages ». Il se spécialise dans la haute technologie et consacre une partie très importante de son PIB à la recherche (3,6 % du PIB). Le Japon possède une puissante indus- trie (seconde industrie automobile du monde) et il possède 45 % des robots du monde. Il est le premier créancier mondial (2400 milliards de $ en 2014). Il utilise l’énorme épargne des ménages japonais pour financer la dette publique du protecteur américain et pour investir à l’étranger.

Cependant, le pays n’est toujours pas sorti de la crise qui l’a frappé dans les an- nées 1990 ; l’économie souffre de la déflation tandis que la population vieillit. Le Premier ministre

Shinzo Abe, pour recréer une inflation et faire baisser le yen procède à des émissions massives de liquidités qui vont gonfler encore plus l’énorme dette publique (200 % du PIB).

Il émerge de cette décennie l’idée très discutée d’un déclin du Japon, renforcé pour certains par la gestion hasardeuse de la catastrophe de Fukushima de 2011.

TOUTEFOIS, le Japon conserve cependant une base industrielle compétitive et fortement automatisée. Le maintien d’importants investissements publics et privés dans la recherche et le développement permet la montée en gamme constante des productions et une forte spécialisation du pays dans les technologies de pointe comme la robotique.

➤ A l’échelle mondiale, le Japon reste une très grande puissance commerciale et financière.

C°) La Chine de l’atelier au laboratoire du monde?

La Chine entame son redressement avec la prise du pouvoir par les communistes en 1949. Mao rétablit la puissance chinoise en intervenant de façon décisive dans la guerre de Corée et en construisant la bombe atomique. Dans les années 1970, il rompt son isolement en se rapprochant des États-Unis et en entrant au Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais, ses réformes économiques sont un échec total. C’est pourquoi, en 1979, son successeur Deng Xiao Ping change de système. Le Parti communiste garde le monopole du pouvoir (maintien des camps de travail, massacre des étudiants de Pékin en 1989...) mais en matière économique, il autorise le capitalisme privé. La Chine devient « l’atelier du monde » : elle attire les FTN pour fabriquer des produits bas de gamme. Elle entre à l’OMC (2001), elle devient la seconde puissance mondiale (2010). Mais elle protège son économie : le yuan n’est pas convertible et les grandes entreprises (Lenovo...) sont très contrôlées par l’État.

Elle utilise ses énormes réserves de devises pour prêter à l’étranger (États-Unis), pour investir en Afrique et pour stimuler son économie (barrages, plans de relance). Cependant, La Chine doit aussi faire face au vieillissement de sa population (du fait de la politique de l’enfant unique) et à la montée de ses coûts salariaux. Il est urgent de fabriquer des produits plus élaborés. Enfin la population demande plus de démocratie et elle n’accepte plus les atteintes à l’environnement.

La crise économique mondiale de 2008 a cependant souligné la dépendance du pays à l’égard du marché mondial et les limites d’un modèle privilégiant l’attrait des IDE et le développement des exportations. Désormais, la Chine veut construire une puissance industrielle dotées de firmes innovantes et capables d’investir à l’étranger.

La redéfinition du modèle de développement chinois passe par la stimulation de la demande intérieure et par la montée en gamme de la production soutenue par des investissements plus

importants dans R&D. Elle doit également réduire les inégalités socio-spatiales et traiter la question du développement durable.

D°) Japon - Chine : entre interdépendance économique et concurrence.

Livre pages : 382 - 383

Les économies japonaises er chinoises sont aujourd’hui très interdépendantes. Fort de son avance technologique, le Japon exporte vers la Chine des biens intermédiaires (composants électroniques ...) et d’équipement (machines-outils...). Il importe des produits à moindre valeur ajoutée (textile, électronique grand public...) bien souvent fabriqués par des entreprises et des capitaux japonais qui profitent du faible coût de la main-d’œuvre. Ceci explique les très fortes croissance du commerce bilatéral et des investissements japonais en Chine depuis le début des années 2000.

Les deux pays sont surtout concurrents en amont du système de production pour l’accès aux matières premières. Mais la montée en gamme des productions chinoises laisse entrevoir à plus long terme une concurrence technologique. La croissance des investissements chinois au Japon est aussi une pomme de discorde. C’est en partie ce qui explique la lenteur des discussions pour la signature d’un accord de libre-échange entre les deux pays.

➤ La Chine et le Japon ont le second et le troisième PIB mondial : 5750 et 5400 Milliards de $. Les deux pays réalisent 18 % du PIB mondial et 68 % du PIB de l’Asie (chiffres de 2011). Malgré les discours agressifs, les relations économiques ne cessent de se renforcer. Le Japon veut profiter de la croissance chinoise pour relancer son économie. Il y délocalise de nombreuses activités pour préserver sa compétitivité. 20 000 entreprises japonaises sont présentes en Chine.

II) Japon - Chine, deux puissances concurrentes en Asie.
A°) La mer de Chine orientale, une mer disputée

L’équilibre géopolitique de la zone, très favorable aux États-Unis et à leurs alliés (Japon, Corée du sud. . .), est remis en cause par les ambitions géopolitiques de Pékin. La Chine, durant les années 1970 et 1980, a fait passer les dossiers économiques avant les dossiers politiques. Elle a signé un traité de d’amitié et de coopération avec le Japon (1978) et a amélioré ses relations avec l’Occident. Elle a mis tout en œuvre pour attirer les IDE. Mais, elle n’a pas renoncé à ses ambitions stratégiques. Elle a récupéré Hong-Kong et Macao et considère que la province « rebelle » de Taïwan doit revenir dans le giron de Pékin. La Chine augmente régulièrement ses dépenses militaires. Elle investit massivement dans le domaine spatial.

La Chine crée une marine de guerre pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières ; elle a construit une série de ports militaires dans des pays amis de l’Océan indien (le « collier de perles »). La marine chinoise combat les pirates dans le golfe d’Aden. Les tensions les plus fortes sont situées en mer de Chine méridionale riche en ressources halieutiques et en hydrocarbures (pétrole, gaz). La Chine qui a occupé des archipels (îles Spratley, îles Paracels) considère que la majorité des eaux font partie de sa zone économique exclusive (ZEE). Une crise a éclaté lorsque le Japon a pris le contrôle des îles SENKAKU (avec le soutien des EU). Administré par le Japon depuis 1895, cet archipel est revendiqué par la Chine qui estime qu’il aurait dû lui revenir après la seconde guerre mondiale.

La Chine et le Japon, pour des raisons de politique intérieure développent une rhétorique nationaliste. Les deux pays renforcent leur armée et s’affrontent sur le plan diplomatique. Lorsqu’un officiel chinois fait une tournée en Afrique, il est immédiatement suivi par un japonais qui fait lui aussi des offres de coopération. Les deux Etats développent enfin leur soft power. Le Japon diffuse sa culture et l’image d’un « cool Japan » : jeux vidéos, mangas, films, gastronomie. . .

La Chine n’est pas en reste : Jeux Olympiques de 2008, Exposition de Shanghai, création des instituts Confucius. De nombreux zoos occidentaux rivalisent de promesses pour obtenir le prêt de pandas (« diplomatie du panda »).
En 2014, le président Xi Jinping, lors de son voyage à Paris a fait un discours à l’UNESCO pour réaffirmer les ambitions culturelles de son pays.

B°) Une rivalité de puissance en Asie

Livre pages 386 - 387

L’emergence de la Chine entre les mains d’un pouvoir autoritaire et nationaliste nourrit au Japon la crainte d’une menace chinoise et favorise le resserrement des liens avec les EU. De leur côté les Chinois se servent des sentiments anti-japonais qui sont presents chez leurs voisins comme la Corée du Sud. D’autre part, le Japon et la Chine se méfient mutuellement de leur capacité militaire.

La construction d’une coopération régionale à l’échelle de l’Asie est aussi problématique. La Chine, voulait une cooperation ASEAN + 3 (Chine, Corée du Sud et Japon) ; Le Japon a souhaité élargir cette coopération à l’Australie, la N-Z et l’Inde (ASEAN + 6) pour contrebalancer avec des pays démocratiques, la domination chinoise.

L’Asie du Sud-Est et du Sud est plus que jamais au coeur des rivalités diplomatiques et économiques sino-japonaises. Ces espaces à fort potentiel de croissance forment autant

d’opportunités économiques pour leurs entreprises. Ils tentent d’y accroitre leur influence par le biais de leur soft power : Instituts Confucius et diaspora pour la Chine, Aide Publique au Développement (APD) en Asie et Afrique pour le Japon. Le Japon finance la BAD (Banque Asiatique de Développement)Le Japon tente de profiter de l’engouement mondial pour le

« Cool Japan », culture japonaise de masse (jeux video, mangas, sushis...)

➤ Le Japon tente de contourner sa faible influence politique et militaire en se mettant au service de la paix et du développement. La Chine cherche à briser son image négative qu’à son régime sur les droits de l’homme ou le Tibet.

C°) Le Japon confronté aux ambitions économiques chinoises.

La Chine devient en 2011, la première puissance industrielle et le premier exportateur mondial. Elle devient également un gros investisseur à l’étranger. Ses IDE sont passés de 3 à 88 milliards de $ entre 2003 et 2015.

Le Japon a perd sa place de seconde puissance industrielle. Son rôle rest important grâce au dynamisme de ses banques et de ses entreprises. 258 sont classées parmi les 2000 plus grandes FTN. Il demeure une grande puissance commerciale (4eme rang mondial).

D°) La Chine, confrontée aux ambitions politiques du Japon

Livre pages 384 - 385

La Chine accentue son rôle politique au sein de l’ONU et du G20. Elle développe aussi d’importantes relations avec l’Amérique latine et l’Afrique. Ses relations avec les EU se tendent. La chine dénonce la présence de bases militaires en Asie. Les EU critiques la politique du « collier de perles » sur le pourtour de l’Océan Indien.

Le Japon cherche à accroitre son influence politique. La Chine reste opposée à son entrée au sein du conseil de sécurité de l’ONU. Les forces militaires japonaises étaient jusqu’à présent cantonnées à des forces d’autodéfense participent désormais à des opérations de maintien de la paix dans le cadre de l’ONU. La marine japonaise joue également un rôle de plus en plus important dans la région et lutte contre la piraterie.

 

Conclusion :

Le Japon et la Chine sont appelés à jouer un rôle croissant dans le monde et en Asie. Le Japon veut conserver son leadership régional. La Chine veut retrouver la place de première puissance mondiale qu’elle a occupé jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Les deux États sont à la fois rivaux et partenaires obligés. Les liens économiques qui sont appelés à se renforcer peuvent apaiser les tensions. D’autre part, les deux États doivent tenir compte de la présence dans la zone, du gendarme américain qui est maître des mers et qui renforce régulièrement sa présence militaire dans la région.

Un entente à trois (le « triangle d’airain ») est peut-être la solution pour concilier la paix et le développement économique ??

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